Bienvenue sur mon blogue de lecture virtuelle !

Pour tout vous dire, je suis une travailleuse sociale qui est devenue enseignante. J'aime écrire. Honnêtement, depuis ses tout débuts, je m'oblige par ce blogue, à écrire et ainsi me maintenir dans un processus de création. Je n'ai pas vraiment d'objectifs autres que d'écrire et de me divertir. J'espère aussi que vous saurez trouver un peu de plaisir à me lire.


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Alors bonne lecture !

samedi 26 décembre 2009

Joyeux Soleil !

Hier, 25 décembre, c'était noël. Joyeux noël par ci, joyeux noël par là... Après ces multiples souhaits enthousiastes de mes amies et connaissances, je me suis levée avec la sensation que la vie devrait avoir un petit "je ne sais quoi" de différent. Pourtant, il n'en était rien. Et puis, je me suis demandée si moi aussi, je devais suivre les clameurs enflammées des blogueurs et vous souhaiter un très joyeux noël. Après tout, vous qui me suivez hebdomadairement dans mes histoires, le méritez bien.

Cependant, avant de vous faire mes voeux les plus sincères, j'aurais aimé savoir au juste, qu'est-ce que je vous souhaite lorsque de ma bouche sortent ces mots pompeux : "Joyeux noël !". Honnêtement, je ne le sais pas. L'ai-je déjà su ? Enfin, je ne le sais plus.

J'ai souvenir de mes noëls d'antan avec le téléphone attendu (et craint) de mes amies, le lendemain du réveillon, me décrivant leurs cadeaux sublimes :

" J'ai eu un bracelet en or, une montre en or, une chaîne avec un camée, une couverture en laine et une catalogne, le dernier disque de Ginette Reno, des pantalons en jeans avec un chandail en tricot croisé, une paire de patins, une veste de velours grise, des bottes de printemps, le coffre pour mettre des bijoux que l'on voit dans la vitrine du 5-10-15, ah oui ! j'oubliais, une bague en argent, des souliers en suède et un chien. Pis toi, t'as eu quoi ? "

"Euh, moi ? Ben, j'ai eu un gros toutou rose et blanc. "

"Ah ben, c'est super. Celui qui était dans la vitrine de chez People ? "

"Oui, chez People (tsé, le magasin des pauvres où ta mère va jamais). Il y en avait un mauve et un vert aussi. Elle a préféré le rose. "

"C'est ça que t'avais demandé ? "

(Ben oui chose, je me pouvais pu d'avoir c'te gros caniche rose avec le dessus de la tête blanc pis rien d'autre. De toute façon, moi les cadeaux j'aime pas ça. À 10 ans, je dénonce déjà le capitalisme sauvage de notre société !)

"Euh, ouin. On va tu jouer dehors?"

Je tentais de détourner la conversation même si je savais que le thème des cadeaux reviendrait souvent dans la prochaine semaine. Cette journée était une misérable corvée à traverser. Mais elle n'était pas la pire. Plus tard, il me faudrait retourner à l'école et recommencer le même scénario, plusieurs fois, à l'infini même, il me semblait.

Ma mère ne possédait ni l'argent, ni le goût pour nous offrir des cadeaux. Pourtant, moi je me forçais pour lui acheter quelque chose de vraiment très intéressant. Je me souviens d'avoir amassé 20 dollars pour une lampe décorée du Gros minet de Twitty. Quel luxe ! Quelle joie sur son visage ! Ce que j'aurais donné pour lire cette joie sur le mien la nuit de noël !

Malgré mes souvenirs, Noël avec des enfants, c'est tout de même féérique. Les voir s'éblouir devant le sapin, les décorations, les lumières, et le summum !, lorsque les cadeaux apparaissent sous l'arbre ! Surtout lorsqu'ils sont petits, ils sont vraiment adorables à regarder. Et puis, côté cadeaux, ça ne pose pas trop de difficultés. À deux ans, on peut leur mettre un bas sal dans une boîte toute colorée, ils s'amusent des heures avec l'emballage ! Même plus vieux, mon neveu à sept ans, m'avait demandé un crayon pointeur rouge que l'on pouvait retrouver à 1.00 $ chez Dollarama ! À cet âge, ils ne sont pas encore à l'âge de la consommation. Ils ne sont que des consommateurs en devenir. Et puis, un jour, à force de se faire parler de cadeaux, ils changent et deviennent des mini-ogres assoiffés de sang d'adultes. Ils ne veulent plus n'importe quoi. Les souliers derniers cris à 125.00 $, les pantalons, la chemise griffée. À chaque année, je ne sais plus où donner de la tête. Alors je demande conseil à Altesse Royale.

" Ben, tu leur achètes quoi toi ?"

" La super X BOX de luxe no. 463542 à 500.00 $ ".

" Ah, bon. Tu leur fais un cadeau familial ?"

 " Non, non. C'est un des cadeaux de ma fille (de 10 ans)".

" Coup donc, tu fais-tu des extras avec tes ménages?"

" Franchement niaiseuse".

" Ouin, penses-tu que si je leur achète des tuques pis des mitaines qu'ils vont aimer ça ? "

"  Ils vont sûrement s'en rappeler longtemps ! "

Maintenant, la détresse s'affiche sur mon visage parce qu'il est à peu près impossible de leur faire plaisir. Alors je leur donne de l'argent. " Ah ! Merci matante pour ton 50 piastres. Je vais le mettre de côté pour m'acheter le portable à 3000 $ que je veux depuis un boutte ! " Désormais, je réalise que ce 50 $ possédant de la valeur à mes yeux, fait figure de gros caniche rose !

Mais Noël peut-il être plus que la fête des cadeaux ? Comme la célébration de la naissance du petit Jésus ?  Si cela est, je me sentirais un peu hypocrite de le fêter chaque année alors que le reste de l'année, je ne m'en préoccupe jamais. Je ne lui parle plus. Je ne m'informe jamais de son état. Rien. De plus, quatre mois plus tard, il faut toujours aller à ses funérailles. Dans le genre évolution de la pensée humaine, il me semble que l'on pourrait faire mieux.

Si Jésus sonne faux, on peut se rabattre sur l'histoire des indiens qui fêtaient à cette époque de l'année, le Dieu Soleil. Est-ce mon côté Thomas, mais je vois davantage un impact du soleil sur nos vies que celui de Jésus. Le soleil nous offre de la vitamine C, il fait pousser nos légumes qui préviendront les risques de cancer des intestins, il réchauffe nos vies, il apporte de la joie à nos vacances. D'accord, il n'est pas toujours très fidèle. On le maudit souvent pour son absence et comme bien des québécois, il préfère les mers du sud à nos hivers glacials. Le soleil se conduit comme un mauvais amant; nous passons beaucoup de temps à l'attendre avec le coeur rempli d'espoirs qui se transforment bien souvent en de froides déceptions. Cependant, lorsqu'il nous rejoint, un jour, l'espace d'un moment, notre plaisir est décuplé d'obtenir quelque chose que l'on désespérait tant !

Alors moi, depuis quelques années, ce que j'aime de noël, c'est le 26 décembre. Quand tout est terminé. Vous en faites ce que vous voulez, mais je préfère désormais célébrer la fin de ce calvaire et me ranger du côté des indiens. Je tourne la page et j'y inscris:

" Aujourd'hui, 26 décembre, Joyeux Soleil ! "

samedi 19 décembre 2009

Solide, je suis.

Solide, je suis. Toujours vous pouvez compter sur moi. Stable, fidèle, serviable, que dis-je, servile, jamais je ne vous fais défaut. Peu m'importe mon apparence, peu vous importe mon état, vous savez que vous pourrez toujours vous fier sur moi.

Dans le but inespéréré que vous remarquiez ma présence, je réchauffe votre vie lorsque vous sentez le froid s'imprégner dans votre être. J'adoucis vos soirées lorsque la solitude envahie votre esprit. Ce bien-être je vous le procure avec joie, espérant chaque fois un nouveau départ vers un futur plus serein.

Laissez-vous aller paisiblement tout contre moi. Appréciez les fibres de mon être rendant mon corps si soyeux. Aimez-moi, cajolez-moi, rendez-moi cet amour que je vous porte depuis si longtemps. De vous, je n'attends qu'un simple geste d'appréciation, de reconnaissance me prouvant l'utilité de mon existence.

Hélas, mes efforts ne semblent jamais suffisant pour mettre un peu de baume sur vos souffrances.  Vous ne me remarquez presque pas. Je suis là et rien d’autre. Je ne vous suis utile que pour déverser le trop plein de votre existence futile. À votre convenance, vous vous servez de moi pour ensuite me laisser seule, désespérée, dans mon coin. Je n'existe qu'à travers le bien-être que je vous procure. Vous croyez que je suis faite d'une fibre solide et résistante. Jamais je ne m'effiloche. Que l'on me griffe, me secoue, me frappe ou m'insulte, je résiste à vos assauts.  Votre attention je ne la possède que dans ces moments  où vous me secouez avec la ferme intention de me débarrasser des saletés dont vous m'avez maculée. Comme ces nuits où vous me visitez et déposez, au plus profond de mon être, cette souillure, en vous frottant sans retenue, sans douceur, tout contre moi.

Après tout, peut-être avez-vous raison. Je vais bien, je n'ai rien. Alors que votre existence n'est que pièces détachées. Vous avez suffisamment à faire pour pouvoir vous préoccuper de nul autre que de vous. Pourtant, je suis là. Pourtant vous ne me voyez pas. Et dans votre vie, je ne serai jamais plus qu'un tapis.

dimanche 13 décembre 2009

Snôooobe, I am.

Je l'admets, je l'avoue, et ce, sans aucune humilité, je suis snob. Ayant grandi dans un rang, en marge d'un village sans envergure, sur une ferme, sur l'aide sociale, la modestie devrait faire partie de mes traits de personnalité. Mais non. Je suis une vraie de vraie snob. Alors, peut-être est-ce le fait de pouvoir affirmer aujourd'hui : " Moi, j'ai grandi en face d'un pont couvert! ".  Formidable héritage de notre passé, je me confonds probablement avec sa magnificence.

J'observe chez moi un snobisme de niveau supérieur. Je catégorise ce qui est intéressant et ce qui ne l'est pas, selon des critères qui me sont propres, le premier étant la performance. Alors je me questionne sur les habitudes de ces habitants aux moeurs contestables. Comme ceux qui prennent des bâtons de marche pour gravir le Mont St-Bruno. C'est certain, c'est dur sur les genoux le Mont Saint-Bruno. Vous vous entraînez pour le Mont Lafayette ? Alors là ! Après les bâtons, je vous conseille la chaise roulante électrique pour sportifs.

Et puis, viens la logique, comme deuxième critère. Est-ce possible, s'il vous plaît d'avoir l'air sensé ? Les bâtons de marche au Mont Saint Bruno, pour moi, c'est égal aux skieurs de Saint-Sauveur, habillés comme une carte de mode du monde sportif et qui se dirigent allègrement... vers le T Bar !  Tout le talent dans l'habillement, aucun dans l'entraînement !

Troisième critère ? Le paraître. Je trouve que ça a quand même l'air fou de faire du ski de fond dans le Parc maisonneuve. C'est certain, tout le monde n'a pas eu la chance et le plaisir de grandir près d'un bois si vaste que l'on y pouvait faire du ski pendant des jours sans jamais refaire le même tracé. Mais tout de même, le Parc maisonneuve... Allez, on s'entraîne en carré ! Bzzzt on a longé Viau, bzzzt on a terminé Rosemont et puis Pie lX et Sherbrooke !

- " Ouf ! ça fait bien 17 minutes qu'on skie ! On fait un autre tour ? "

- " Non, chérie, j'aimerais bien un chocolat chaud maintenant après toute cette énergie dépensée. "

Ou encore, le barbecue dans un parc de la Ville de Montréal.  Tant qu'à être en Ville, autant tout y faire, vraiment tout, et plus jamais en sortir, n'est-ce pas?... Autant même y crever ! Mais vous n'êtes pas coincés comme des rats sur l'île dans une tempête de verglas à ce que je sache ! Sortez, faites quelque chose ! Partez à l'aventure, allez découvrir, je sais pas moi, Longueuil ! Prenez le pont Jacques Cartier et allez faire votre barbecue de l'autre côté, là où il n'y a pas d'usine, là où on voit l'eau. Allez donc vous prosterner devant la majesté de ce fleuve et vous laissez submerger par la beauté du courant.

Il faut dire qu'il y vingt ans, mon snobisme était encore plus grand. Les films américains avaient, à mes yeux, la réputation de blondes aux gros seins; les films québécois n'arboraient que de pauvres familles québécoises, vivant dans un rang, sur une ferme, en marge d'un village sans importance et devant un pont couvert. Rien de vraiment passionnant. Je n'écoutais que du Brel et du Barbara. Le monde fascinant de l'intellectualisme s'était ouvert devant mes pieds foulant avec joie celui de mon enfance. Alors, je snobais tout ce que je pouvais, comme pour me détacher de moi-même. Je m'échappais dans un monde de la schizophrénie mondaine.

Mais j'ai beaucoup changé avec l'âge. Je me suis assagie. J'ai découvert du beau là où j'étais persuadée que vivait le quétaine. J'apprécie maintenant la télévision et les livres québécois. J'ai découvert de merveilleux metteurs en scène américains. Je me suis ouverte aux colocs, aux coybows fringants, à Pierre Lapointe.

Je dois avouer que j'ai moi-même été snobé dans ma vie, à quelques reprises, par des pauvres, des miséreux qui, étonnamment, exigeaient de moi plus que ce que leur vie entière ne leur avait apporté. Et dans le snobisme de l'autre, j'ai compris. J'ai compris que mon snobisme n'était que le reflet de la tourmente et de l'amertume se lisant dans mes yeux.

Et puis, à d'autres moments, c'est juste parce qu'ils font chier !

Et vous, qui snobez-vous?

samedi 12 décembre 2009

Ville de neige, ville de rêve, ville de marde !

Ce matin, je n'ai pas trop l'âme à écrire un texte des plus enlevants. Je viens de passer une bonne heure à essayer de sortir mon char de son trou de neige et de glace. En plus, la police est passée mettre une bonne dizaine de contraventions aux autos qui étaient garées de travers. Vous savez comme dans un western, en diagonal. Mais où tu veux les mettre les chars quand t'as de la neige jusque dans le fond de tes culottes, tu sais plus où la mettre la maudite !

Pis là, mercredi, la Ville avait soigneusement mis les pancartes de déneigement de l'autre côté de la rue, pour finalement les changer de bord sans avoir même déneigé le premier côté. Eille, il doit en falloir du monde pour prendre des décisions compliquées de même... Engagez-moé calvaire, je suis capable moé de décider de changer les pancartes de bord. J'ai pas de problème avec ça. Trop facile... M'as même les mettre à l'envers, pis après, m'a décidé de les mettre à l'endroit. Crisse, je peux aussi faire des poèmes sur les pancartes de déneigement, au moins y vont servir à quelque chose :

L'hiver est arrivé
Faque démarde toé
Ton char tu dois enlever
Avant de te faire tower
Pis de donner,
92 piastres à Tremblay !!!

En plus, y'avait un gars dans sa fenêtre, qui me regardait virer de "sourd" et me faisait signe de reculer. Osti ! ben oui ! Fallait ben y penser, essayer de reculer pis après essayer d'avancer ! Fuck ! Il me reste pu qu'à me teindre en blonde pis le kit est complet !

Pis en plus, y'a toujours un gars qui vient t'aider et qui te dit des affaires comme "Ben ça vaut pas d'la marde votre affaire pour mettre en dessous des pneus." Pis tu te la fermes parce que le monsieur, ben, il t'aide même si il t'énarve et que t'as juste le goût de lui crier dans face que t'en as rien à foutre de son opinion sur tes affaires à toé !


Joyeux hiver calvaire !
Joyeux calvaire !

samedi 5 décembre 2009

Une victoire historique

Ce matin, je crie Victoire ! Victoire ! Non, je n’ai pas gagné à la loto. Et non, je n’ai pas fait ma vaisselle au moins une fois par jour cette semaine. Cependant, le succès qui m’habite en ce moment n’en est pas moins intéressant. J’ai dégusté un long et passionnant roman historique de la première à la dernière page, et ce, avec un immense bonheur. Depuis des années, j’avais perdu le temps et le goût de lire. Il m’était bien arrivé, à quelques reprises, mais vraiment pas très souvent, pendant un ou deux étés, dans les vingt dernières années, d’engouffrer un Harlan Coban ou un Kathy Reich, mais c’était presque par erreur. Un moment, où, soudainement, sans planification aucune, je me retrouvais seule, sans amis, sans télé ni ordinateur, rien de rien pour capter mon attention. Genre camping sauvage! Alors là, lire semblait être la meilleure chose à faire parce que véritablement la seule. Je choisissais donc un livre, pas trop long, avec beaucoup d’action et l’histoire d’une journée, l’aventure était consommée. Le temps avait passé. Pourtant, je sais que j’adore lire. Mais tout comme pour les téléromans ou les nouvelles relations, je n’aime pas les débuts, je les trouve trop contraignants. Je n’aime pas prendre le temps de connaître les personnages, d’apprivoiser le contexte et de me familiariser avec le style de l’auteur en espérant que je devienne soudainement captivée par l’histoire et ne puisse quitter qu’à regret ce nouveau monde qui s’offre à moi. J’ai toujours une crainte que mes efforts ne mènent nul part, que je finisse finalement par m’ennuyer. Je ne vois pas la lecture comme une grande opportunité de la vie où je pourrais me laisser surprendre mais comme une possibilité de perdre mon temps et mon énergie. Appelez-moi désabusée et vous aurez un peu raison.


Pourtant étant enfant, je lisais beaucoup. Je me régalais de Martine à la plage, de Brigitte hôtesse de l’air et de la Comtesse de Ségur. Je me souviens de la collection Rouge et Or; de minuscules livres, bien épais pour mon âge, que je savourais d’un bout à l’autre en une seule journée. Je n’avais de relâche que lorsque je connaissais la destinée de ces personnages devenus mes nouveaux amis. À la vue de cette énorme brique, ma tante s’était exclamée « Pour moé, toé, tu sautes des pages. T’es quand même pas capable de lire toute ça en une journée! ». Je me souviens avoir été profondément blessée par cette remarque, du moins suffisamment pour pouvoir m’en rappeler, encore aujourd’hui, 35 ans plus tard. Quelle garce! J’aimerais revenir en arrière et pouvoir lui répondre que « c’est pas ma faute moé, si je sais lire. J’ai pas passé mon enfance à fumer dans grange et me faire pogner les boules par les amis de mes 13 frères » . Un peu méchant, j’en conviens… Au moins, c’est pas elle qui a décidé où la messe d’enterrement de ma mère aurait lieu. Elle est tellement centrée sur elle que je pense qu’elle rêve à ses propres funérailles juste pour imaginer que tout le village défilera devant elle pour l’adorer. Pfff, critiquer ma capacité de lecture, espèce de c…. gna gna gna, celle-là qui le dit, celle-là qui l'est ! Ah ! J'haïs ça quand je rumine, c'est fini, bon. Je passe à autre chose. Je parle plus de cette garce de tante qui a jamais pris soin de nous malgré le fait qu'elle avait plein d'argent et qui, parce qu'elle est venue voir ma mère deux fois quand elle était malade, se prend pour mère Thérésa et nous demande de l'honorer pour le restant de ses jours. J'en parle plus c'est tout, je la déteste et c'est fini, bon.  

Enfin, comme je disais, je viens tout juste de terminer mon roman. Ma visite au Salon du Livre, conjugué au fait que j’écris sur ce blogue chaque semaine, m’ont redonné le goût de lire. De l’enfance jusqu’à l’âge adulte, j’avais beaucoup lu, enfin, je crois. Je n’ai pas vraiment de souvenirs de mes lectures d’adolescence. Je me souviens davantage de mes randonnées en jogging espérant faire disparaître mes bourrelets. Alors, une fois aux quatre mois, je me décidais, je partais à la course jusqu’au village pour m’apercevoir que je n’avais pas suffisamment d’énergie pour revenir à la maison et je faisais du pouce. De retour chez moi, je terminais ma séance d’entraînement avec des sit-up, des push-up ainsi qu’un exercice de ventre et de jambes qui me donnaient des jouissances sexuelles. Vous connaissez? Vous vous couchez sur le dos, vous mettez vos mains sous vos fesses et montez vos jambes puis les redescendez et ainsi de suite. Essayez, vous verrez ! Orgasme et courbatures assurés. Si ça ne fonctionne pas, c’est que vous vous y prenez sans doute mal. Ça ne fonctionne toujours pas? Ah, peut-être que je ne savais pas trop ce qu’était un orgasme à l’adolescence…

Je viens juste de terminer un roman historique, qui, à mon avis, porte bien son nom. Un monde sans fin de Ken Follett. Un livre comptant pas moins de deux millions quatre cent mille pages et je suis fière de les avoir toutes lues. L’histoire débute en 1327 et j’ai bien cru qu’elle se terminerait en 2009! Ça m’a pris six mois. Dès le début, sur le bord d’un lac, je me suis laissée envahir par cette histoire de cathédrales et d’amour impossible. Il faut dire que l’automne a été bien occupé et j’ai dû délaisser pendant quelques mois ces personnages. Je dois avouer que je trouve toujours une ou deux défaites pour ne pas lire : écouter la télé, faire du sport, me reposer de mon travail etc. Je passe d’ailleurs trop de temps devant la télé à écouter absolument n’importe quoi. La télévégétation quoi ! Il s’agit là d’une expérience qui se rapproche de celle de la drogue. On reste assis sans bouger pendant des heures, un sourire narquois sur les lèvres, devant une télé qui ne présente rien, le cerveau à off.

Tout de même, j’apprends beaucoup en télévégétant. Je sais maintenant ce qu’est une artère fémorale. Si vous vous la coupez, vous vous videz de votre sang. Depuis que j’ai acquis cette connaissance, je ne vois plus mes cuisses de la même manière. Je fais désormais mon jogging, les jambes un peu plus écartées, histoire de ne pas trop user mes artères fémorales. De plus, je sais ce qu’est une commission rogatoire. C’est ce que disent les policiers américains qui parlent français. Ils ont toujours l’air un peu con, mais ils demandent tout de même, avec tout le sérieux du monde, une commission rogatoire. Et c’est tellement plus facile à dire qu’un mandat n’est-ce pas? Sacrés Américains, on aura jamais tout vu ni tout entendu ! Je sais aussi ce qu’est un acrochordon. Je suis aussi davantage contente de pas en avoir que de savoir ce que c’est ! C’est totalement dégueulasse, même l’enfant est dégoûté par l’apparence de sa propre mère avec cet acrochordon. Et pour maintenir le suspense, je vous laisse chercher la réponse sur internet.

C’est vrai, je l’avoue, je ne télévégète que devant les séries policières de Séries Plus. J’ai bien essayé devant TV 5 mais le plaisir n’est pas le même. Je trouve qu’il y a beaucoup trop de contenu pour garder mon cerveau en état de somnolence. Je suis d’accord pour apprendre plein de choses, mais à petites doses sinon c’est le badtrip assuré. Je trouve aussi que certaines émissions sont beaucoup trop émotives pour moi …


- Consonne

- C

- Voyelle

- E

- Consonne

- S

- Consonne

- T

- Consonne

- P

- Voyelle

- L

- Consonne

- A

- Voyelles !!!

- TTE

J’ai donc repris la lecture de mon livre ayant eu un peu peur de le délaisser après 1000 pages. Que d’efforts perdus ! Je ne voulais pas avoir à les relire l’an prochain. Alors je l’ai fait et j’ai terminé maintenant.

Avertissement, le passage qui suit révèle le contenu du livre.

Je m’ennuie déjà de Merthin et de Caris, de leurs talents et de leurs péripéties. Mais pas de Ralph, lui je ne vais pas m’en ennuyer. Ralph c’est un gros cochon détestable et je suis bien contente qu’il ait fini égorgé, le sal. Lui aussi, c’est le style à dire à Caris qu’elle est pas assez bonne pour lire toute seule son gros livre.

Puisque j’étais un peu triste d’avoir terminé ma lecture, j’ai voulu prolonger mon plaisir, alors j’ai fait une recherche sur internet pour admirer la flèche de Merthin tout en haut de la cathédrale de Kingsbridge! J’ai alors découvert avec horreur qu’il n’y a pas de cathédrale à Kingsbridge! Je me suis sentie  flouée d’avoir lu ce livre en croyant dur comme fer que les références historiques étaient vraies. C’est bizarre mais on dirait qu’une histoire est encore meilleure si l’on croit qu’elle est vraie. C’est d’ailleurs une question qu’on me pose régulièrement sur celles que je raconte. C’est tu vrai? Ton père as-tu fait ça pour vrai? Je m’amuse ainsi à mélanger les styles de la réalité et de la fiction pour mon plaisir et j’espère toujours, pour celui ou celle qui me lit.Mais, et c’est la fin de mon histoire, je n'aime pas recevoir les coups que je donne aux autres… .

dimanche 29 novembre 2009

La dernière scène

Délire d'un party de filles... vous pouvez vous amuser à démêler le vrai du faux !

Ce jour-là, elle s’était parée de ses plus beaux atours. Ce pantalon gris stylisé, assorti d’un chandail noir pailleté de rouge, lui donnait un look plus glamour qu’à son habitude. Était-ce le besoin de reconnaissance ou simplement l’envie d’agrémenter encore plus à fond cette journée ? Elle qui, d’ordinaire, arborait un style sportif en revêtant un jeans rehaussé d’un top bon chic bon genre style Marie Claire, fit sensation. Elle avait l’air plus jeune, plus mince, plus rayonnant, plus tout. Comme quoi maquiller la réalité, même légèrement, pouvait apporter des changements inespérés dans le comportement de ses proches et par conséquent, dans son estime d’elle-même.


Depuis sa tendre enfance, elle s’efforçait de paraître ce qu’elle n’était pas en réalité. Née dans un milieu pauvre, vulgaire, sans mots, sans passion autres que l’histoire des Plouffe et la lutte de la WWF, elle avait sans relâche tenté d’effacer la muflerie de son enfance pour se fondre dans des milieux de culture et de savoir. Ne plus disparaître dans cette masse populeuse sans envergure et sans destin et appartenir à cette autre classe, celle des gagnants. Elle avait déjà fait plusieurs tentatives mais sans succès. Elle avait côtoyé des fonctionnaires, des banquiers, des huissiers mais un côté d’elle ressortait constamment malheureux de ces milieux de snobs et de faux-semblants, qui pourtant de loin, possédaient toute la classe dont elle rêvait.

Elle ne s’avouait cependant pas vaincue pour autant. Tout en tentant de ne plus appartenir à son passé, elle ne pouvait le fuir. Celui-ci s’était imprégné en elle comme une trace d’encre laide et indélébile. Ces matins d’adolescence hivernale, où elle se réveillait dans cette maison trop froide, réchauffée par cette fournaise semblant sortir tout droit de l’enfer, lui faisaient horreur. Elle avait refusé des liens précieux d’amitiés à force de les exclure de son intimité, pour soustraire à leur vue ces pénibles images de fournaise au bois, de logement trop petit pour cette grande famille, d’arbres de Noël dégarnis. Elle avait vécu toute sa vie en recluse pour ne pas faire face à des jugements sur ses comportements de ménage, de lessive ou autre aspect de l’entretien de sa maison; comportements hérités par des journées composées de fainéantise devant Top Modèle et les Feux de l’Amour. Elle avait caché longtemps sa réalité. Trop longtemps même.

Elle se devait de sortir de sa coquille et de son mutisme. Elle avait ce jour-là, décidé d’effacer à jamais ce passé douteux afin d’entrer dans un monde sociable et prospère. Elle leur prouverait à tous et à toutes qu’elle n’était pas qu’une erreur dans leur vie, une poussière sur leur copie. Elle avait donc décidé d’organiser un souper avec ses amies proches pour se pratiquer avant d’attaquer un entourage plus large et plus sophistiqué, un banquet du siècle. Elle leur prouverait à tous et à toutes qu’elle savait recevoir dans un endroit bien tenu avec toutes les manières appartenant à la classe supérieure.

Sur sa liste, elle y retrouvait des invitées de marque. Leur nombre limité ne portait aucunement ombrage à la valeur anticipée de ce souper.


Tout d’abord, la grande, l’ultime, la prestigieuse, Stefwinnie l’Ourson. Stefwinnie était un être unique, apprécié d’une quantité insurmontable de personnalités. Elle évoluait dans son milieu avec une grâce désinvolte enviée de tous. Elle se fondait dans les hautes sphères sociales pouvant discuter à son aise, avec tous, de tout et de rien. Elle avait réussi tout ce qu’elle avait entrepris jusqu’à la mise au monde de filles parfaites qui buvaient de l’eau comme collation. Qui peut se targuer d’effectuer en ce bas monde tel tour de magie? Exemple parfait du calme, du contrôle sur soi et de la bonne humeur, on la confondrait facilement avec un câlinours !

Autre invitée, Martha Tremblay. Martha était l’exemple idéal du savoir-vivre et du savoir-faire. Mère de deux magnifiques garçons, femme à tout faire, ne démontrant jamais sa fatigue, prenant soin sans relâche et sans découragement de sa trâlée; les nourrissant amoureusement, les conduisant, toujours souriante, affectueusement, sans jamais un seul ronchonnement, à leurs activités du week-end. S’étant transformée en maîtresse à pensée pour l’occasion, pas un détail de cette soirée de rêve n’avait été oublié. La disposition des couverts, l’assortiment des couleurs, l’importance du centre de table devant se fondre dans le faste de la présentation, la propreté des lieux et de l’hôtesse. Il était pratiquement impossible de ne pas réussir une soirée si l’on appliquait à la lettre les conseils de cette merveilleuse organisatrice.

La troisième convive se nommait Chantal Rhéaume. Grande sportive, elle excellait au hockey. Son corps d’athlète lui donnait une prestance peu commune enviée par qui l’approchait. Cette force de la nature s'imposait comme autorité à qui croisait sa route.

La quatrième visiteuse, mais non la moindre, se prénommait Atomas. Toujours en contrôle de ses émotions, vibrant pourtant en son sein d’une ardeur peu commune, elle savait hypnotiser ses comparses avec sa bonne humeur éblouissante. Aucun endroit de sa personnalité n’eut pu être atteint par le sarcasme de sa progéniture cromagnonne. Elle était un roc sur qui toute personne pouvait se reposer.

Ce soir-là, à leur arrivée, ses invitées furent éblouies par la somptuosité de cette table dressée à une perfection atteignant celle des déesses. Elles discutèrent de choses et d’autres; certaines les touchant intimement et d’autres beaucoup moins. Le repas se déroulait d’une façon qui était certainement inoubliable; on en reparlerait encore longtemps par la suite, c’était évident. Aucun mot ne peut décrire la richesse des plats qui furent servis ce soir-là. Des entrées de cantaloup, fromage de chèvre et prosciutto, servies dans des plats datant de la préhistoire, aiguisèrent leurs fines papilles. Y faisant suite, l’hôtesse avait visé haut en servant son fabuleux plat de mécaroni. Tout était divin, à l’égal de ces nymphes de la discussion.


Cette soirée se déroulait parfaitement et surtout, dignement, et ce, jusqu’à l’inénarrable apparition de cette odieuse, de cette outrancière chose! Un traumatisme longtemps enfoui dans son cœur et sa mémoire fit une apparition aussi soudaine que brutale dans son cerveau. En cette nuit lointaine, elle avait surpris son père, un délinquant notoire, un être d’une vulgarité sans égal, affalé sur le sofa, se délecter d’ineffables films pour adultes. Il faisait des allées et venues de sa main droite en y tenant ce qui avait toute l’apparence d’un crayon vert, aux yeux de cette enfant trop jeune pour comprendre ce qui s’étalait devant son regard. Elle ne savait pourquoi, mais ce crayon vert l’avait hautement dégoûté à cette époque. Était-ce l’air suspect de son père ? Ou encore sa mine à la fois coupable et satisfaite ? Elle n’en savait rien. Ce fut pourtant le jour où, malgré son très jeune âge, elle comprit que l’expression « Avoir de la mine dans le crayon » avait un rapport quelconque avec ces plaisirs charnels coupables. Mais elle savait par contre qu’elle avait tout fait pour faire taire à jamais ce souvenir honteux et dégoûtant qui ressurgissait pourtant sans crier gare ce soir-là, à la vue de ce crayon vert sur cette table, avec toute la force d’un souvenir craignant sa propre mort. La vue de ce crayon, conjuguée au vin amollissant ses défenses naturelles et psychologiques, résultat en une formidable perte de contrôle. Sa conscience réalisait que son état de déséquilibre soudain risquait d’anéantir ses efforts pour que cette soirée soit absolument parfaite cependant que son état émotif s’écroulait sans qu’elle n’y pût rien faire.

Alors, dans un geste aussi fracassant que violent, sans égard pour la qualité de ses convives, elle s’empara de ce crayon vert et avec l’ardeur du désespoir, le frotta allègrement, dans un mouvement indécent, mais oh! combien plaisant, entre ses seins brûlants. Une richesse de caresses jamais atteinte jusqu’alors. Un geste indéfinissable, à la fois obscène et savoureux, nourrissant en elle ce désir tout à fait incontrôlable.

Une fois ce désir assouvi, malgré sa honte face à ce manque total de contrôle, le reste de la soirée se déroula à peu près normalement eu égard à ce contexte troublant. Il lui paru que ses invitées ne s’étaient point offusquées de sa conduite puisqu’elles continuèrent à partager son mécaroni ainsi que le reste du repas. À moins que leur contrôle ne soit le résultat de leur éducation sans tache. Enfin, outre son humiliation et son auto-dépréciation, elle ne subit pas de conséquences à ce moment de folie passagère qui révélait, une fois de plus, son manque de classe. Pourtant, subsistait un doute dans son esprit. Pour la majorité de ses invitées, elle pouvait leur faire croire avoir été victimed’une hallucination collective en raison de leur état mental alcoolisé. Cependant, elle craignait par dessus tout Atomas, qui avait gardé un parfait contrôle en elle de par son abstinence de vin. La raison et les émotions claires, celle-ci pouvait à tout moment surgir et la faire chanter, menaçant de révéler au grand jour ce dont elle avait été témoin ce soir-là. Une angoisse terrible subsistait en son esprit devant cette menace perpétuelle. Ainsi, se dit-elle, la prochaine fois, il lui faudrait être plus rusée. La prochaine fois, Atomas trinquerait !

mercredi 25 novembre 2009

Chronique du n'importe quoi et du n'importe quand

La semaine dernière j'ai commencé à écouter, en rafales, Dexter. Une histoire de meurtrier en série qui travaille pour la police et qui tue d'autres meurtriers en série. J'ai été envoûté dès la première émission. Ce qui est peu dire; un tel niveau d'engouement étant très rare dans mon esprit et ma vie de femme cynique. Le sujet et surtout son traitement est d'une grande originalité. L'auteur nous explique à travers les gestes d'un meurtrier, comment s'est développée la personnalité de Dexter. Alors, j'écoute les épisodes comme je mange les frites de chez Mc Donald. Une après l'autre, goulûment, jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus rien. Mais jusqu'à maintenant le côté sombre de cette émission ne m'avait pas atteinte. Les corps démembrés dont les morceaux sont mieux empaquetés que le boeuf de chez mon boucher se rapprochent plus de la caricature que de la réalité et n'atteignent ni ne dérangent ma psyché... enfin je le croyais... jusqu'à cette nuit où je me suis réveillée en peur en pensant au meurtrier traqué lors de la première saison... Ahhh!!! Le plus horrible dans cette affaire c'est que personne autour de moi n'écoute cette série. C'est comme un livre épatant qui t'enflamme au plus haut point, mais tu es là, à t'énerver toute seule parce que personne ne l'a lu, personne n'est vraiment intéressé à ce que tu racontes... Alors, y'a tu quelqu'un sur cette planète qui écoute Dexter pour que je puisse en parler et que j'évite de m'éventrer moi-même dans ma cuisine histoire de pu "tripper" toute seule ? OK un peu excessif, je sais. Mais bon, j'ouvre alors ce petit bout de billet meurtrier pour que vous veniez me parler de cette émission à la fois troublante et intéressante...

samedi 21 novembre 2009

Aujourd'hui, rien

" Mieux vaut apprendre à vivre calmement dans l'imperfection ;
  Que de supporter le stress de la perfection. "

Signé T.S.


Aujourd'hui, c'est décidé. Aujourd'hui, c'est le grand jour. Le jour J. Le Jour où je décrète solennellement cette journée,

"Journée internationale du congé férié des blogueurs et blogueuses"

Alors c'est ainsi que je vous annonce cette grande nouvelle.... en ce jour inoubliable, je le sens, je le sais, je sors les pieds de mon salon. Ainsi, avec beaucoup de soins, d'attentes et d'anxiété joyeuse, je retirerai mes pantoufles et les remplacerai par de réelles chaussures. Je changerai ce pyjama soyeux contre cet ensemble gris-marron qui sied si bien à cette journée d'automne. En cette journée, qui deviendra mémorable, je le sais, je le sens, je sors voir du monde. Beaucoup de monde. Probablement trop de monde même. Mais qu'à cela ne tienne, j'ai promis de vivre cette journée qui sera palpitante je le sais, je le sens.

Il y a peu de temps, je me suis promis de vivre et c'est aujourd'hui la première journée du reste de ma vie. Je m'arracherai donc à ce confort douillet pour me plonger dans des aventures rocambolesques, toutes aussi captivantes les unes que les autres. C'est ainsi que sur mon lit de mort, je le jure, je pourrai vous raconter des événements autres que les banales histoires d'amour du Dre Grey ou de celles désespérées de ces beautés. D'avoir bien vécu, je ne pourrai plus rien regretter lorsque sonnera l'horloge de ma dernière heure.

Alors, aujourd'hui, n'attendez rien de moi.

Je ne vous raconterai pas ma culpabilité de ne pas avoir tenté de vous divertir ;

Je ne vous raconterai pas cette histoire d'un parent venu engueuler le prof de son gars pour une note trop basse d'un travail réalisé par... le parent ;

Aujourd'hui, je ne vous entretiendrai pas sur l'histoire naissante de mes pulsions meurtrières devant cette publicité parlant de constipation... (quelle horreur!) ;

Aujourd'hui, je ne vous parlerai pas de Jérémy et de son pire Noël (mais suivez mon blogue, peut-être aurais-je bientôt l'occasion de vous écrire cette fable ) ;

Aujourd'hui, je ne vous mentionnerai pas cette série télé que j'écoute en rafales tellement je la trouve passionnante bien qu'effrayante (mais suivez tout de même ma prochaine " chronique du n'importe quoi et du n'importe quand " ) .

Alors, je vous en prie, aujourd'hui, n'attendez rien de moi. Je vais vivre la vraie vie avec du vrai monde dans des histoires sûrement vraies !...

Ça y est, je le sens, ça s'en vient, je vais vous le confier, je n'en peux plus, je dois vous le dire....




Aujourd'hui, je vais au Salon du livre... Alors, oubliez moi, (mais pour aujourd'hui seulement...).

mercredi 18 novembre 2009

Chronique du n'importe quoi et du n'importe quand...

Aujourd'hui, ça m'a pris. Pas le temps d'écrire un texte magnifiquement structuré comme à mon habitude. ;o)   Des éclairs se propulsant dans mon cerveau à la vitesse de la lumière et faisant de l'ombre à mon côté sombre. Juste besoin de les partager pour retrouver mon cynisme habituel. Juste ce qu'il faut pour ma nouvelle chronique du n'importe quoi et du n'importe quand.

  • Ce matin, elle était là, l'arme à la main. Me tournant le dos, me narguant. Devrais-je être effrayée? Dégoûtée ? Devrais-je l'ignorer ? Faire semblant que la situation ne m'atteignait pas ? Pourtant, elle était bien visible avec cet outil infâme à la main. Frottant, effaçant tout ce qui pouvait bien rester de suspect. Les traces du mal étaient presque éteintes. Scutant ses gestes, d'un air écoeuré je la regardais. Prise en flagrant délit sans qu'elle ne s'en doute, que pouvais-je bien faire ? Les preuves s'effaçaient à la vitesse de l'éclair. Bientôt, il ne subsisterait plus rien. Je devais agir vite, très vite. La surprendre, me saisir de l'arme et la retourner contre elle ? Lui faire connaître ma colère contre cette situation odieuse ? Ou accepter, vivre avec cette perspective déprimante et me taire à tout jamais. Je laissai faire. Elle partît. La situation se reproduirait assurément, prochainement. Demain, elle réapparaitraît, certainement, effaçant cette chienne de neige dans son pare brise, le grattoir à la main. Et là, je lui règlerais son compte.

dimanche 15 novembre 2009

Sans tambour ni trompettes !!!!

LA LA LA LA !!!!

Ce dimanche à 20h34, vous êtes la 1000 ième personne à visiter ce blogue.

Vous avez droit à un livre en trois tomes sur une histoire du moyen âge, que je vous nomme pas parce que je l'ai eu en cadeau mais je l'ai trouvé ben platte !!! Qui sait, peut-être l'apprécierez vous !

Alors, vous-là, la 1000ième personne, veuillez réclamer votre cadeau en m'écrivant à :

travailleusesociale@hotmail.com

Félicitations !!!

Mettons vous avez dix minutes pour m'écrire.



p.s ben non, j'ai rien de mieux à faire... :o) Je prépare mon cours pour demain...


(...) quelques heures plus tard....  :

"Bon ben coup donc, ça a l'air qui s'est rien passé... aucune réclamation de prix n'a eu lieu. J'en suis vraiment surprise, je pense que je vais pas dormir de la nuit tellement j'en suis troublée... Ne manquez pas la visite du 2000 ième visiteur pour un autre prix de présence aussi inoubliable ! "

samedi 14 novembre 2009

Le baccalauréat à vaisselle

Ce soir-là, elle pleurait pour la 651 ième fois devant le 1250 ième épisode de cette série, Grey's Anatomy. Comme elle appréciait ces intrigues bien ficelées avec ces personnages si intenses dont les émotions déferlent en rafales sur ses moments de loisirs télé! Ces histoires hospitalières la réconfortaient. Trois années de visites ininterrompues entre ces murs bleu poudre; tant de temps passé, qu'elle en avait découvert le réconfort. Pas de masque, pas de jeu de rôle. Entre ces murs, il était permis d'être. Il était également permis de ne plus être. En ressortir dans un sac. De disparaître. Alors cette émission la touchait, lui rappelait sa mère malade, ses espoirs de guérison jusqu'à son acceptation de partir, réalisant soudain que le combat était vain. Malgré la douleur, cette acceptation, ce lâcher prise avait été une grande leçon dans sa vie et la réconfortait encore, dans les moments pénibles. Cette série réchauffait son coeur et ses longues soirées d'hiver.

Alors qu'elle y prenait cet immense plaisir, elle vivait en même temps, des émotions étranges et intenses. Cette voix intérieure qui la rendait mal à l'aise:

"Voyons donc nounoune, c'est platte c'te connerie d'émission gna gna à l'eau de rose. Pourquoi t'es tout le temps pâmée après cette merde élitiste où les docteurs ne couchent qu'avec des docteurs? Et quand c'est avec des infirmières, ça dure jamais, c'était un passe temps ou une erreur. En plus, pendant qu'ils ont les mains bien enfouies dans des intestins qui pissent le sang, ils pleurent constamment sur leur sort, parlant sans relâche de leur nombril qui tourne autour de leur coeur et de leur cul. Branche-toi donc sur la soirée du hockey, tu vas peut-être apprendre quelque chose d'instructif ! "

Et elle répondait alors à cette voix :

- "Ben oui toé, la soirée du hockey. Grosse soirée intellectuelle en perspectives. Pas de chicanes, pas de sang. Ben différent de Grey's."

C'est alors qu'elle eût une révélation. Non, pas une révélation qui lui disait qu'elle parlait toute seule; ça elle le savait. Elle avait vécu 20 ans en parlant à ses chats, maintenant qu'ils étaient partis, elle ne pouvait plus s'arrêter. L'habitude était là, bien ancrée. Elle règlerait le problème le jour où elle placerait un autre chat devant sa bouche. Elle normaliserait à nouveau ce comportement. Non, cette révélation était autrement plus déconcertante et la clouât d'effroi sur son sofa... ce qui ne fît pas grand différence en apparence puisqu'elle y passait déjà pas mal de temps à regarder toutes ces séries qu'elle adorait. Non, pas ça. Elle réalisait qu'elle avait deux cerveaux en elle qui se parlaient. Un cerveau de gars, cynique, à la parole crue, qui la traitait d'insignifiante et un cerveau de fille, mou, qui pouvait pleurer devant tant d'insignifiances.

Ce soir-là, elle réalisa tout son mal être. Ses deux cerveaux vivaient côte à côte, en parallèle, l'un menant sur l'autre, en alternance, selon les situations rencontrées. Parfois même, ses cerveaux dialoguaient et comme à ce moment-là, elle pouvait passer des soirées seules à vivre un dialogue de couple interne. La seule différence c'est que le cerveau de gars ne pouvait pas se dire " Laisse-la faire, écoute pis ferme ta gueule. Tu vas peut-être avoir du bon sexe après." Non, il ne pouvait même pas se réconforter, parce que le cerveau de fille lisait instantanément dans ses pensées et lui répondait  " Je vais avoir mal à la tête, je vais avoir mal à la tête... gna gna".  

Elle n'aimait pas son cerveau de fille. Exposer sa fragilité, sa vulnérabilité, ressentir la joie et la tristesse et la montrer au grand jour, la terrorisait. Il lui semblait que ses faiblesses mettraient sur sa route des abuseurs et profiteurs de toutes sortes qui la rendraient sûrement malheureuse. En revanche, sans savoir pourquoi, elle appréciait son cerveau de gars et ce, autant qu'elle apprécie les hommes. Ce devait avoir un rapport quelconque avec Freud, le sexe et l'envie du pénible.  Enfin, elle utilisait souvent son cerveau de gars pour ne pas chercher à comprendre.

Ce cerveau était très dur avec elle. Il la traitait d'insignifiante, de grosse, de vieille, de pas assez belle pour être aimée. Elle était souvent exaspérée par ses vacheries, qui d'un autre côté, lui permettaient de se pousser à bout, de courir jusqu'à épuisement pour se maintenir à son meilleur, de faire tout en son possible pour performer dans la vie comme dans son travail. Elle n'était satisfaite que lorsque les exigences de son cerveau de gars étaient atteintes en même temps qu'elle était souvent écoeurée de s'astreindre à ses exigences.

Avec toute cette mécanique qui évoluait gaiement à l'intérieur de son être, il est facile d'imaginer que lorsqu'elle rencontre l'homme de sa vie de quelques mois, il y a comme toujours une personne en trop. Le dernier qu'elle rencontra avait vraiment fière allure, beau, charmant, attentionné. Elle avait fermement cru avoir trouvé la perle avec qui elle partagerait sa vie. Au lieu de quoi, elle avait failli y rester. Cet homme avait un cerveau de fille, un énorme cerveau de Germaine, désirant tout contrôler jusqu'à la façon dont elle lavait sa maudite vaisselle. Le cerveau de gars en elle avait été profondément affecté de ce rival qui violentait le cerveau de fille d'une façon qu'il n'aurait jamais osé malgré l'étendue de son expérience.

Alors ce rival avait osé. Il  lui avait offert un plat à vaisselle, lui donnant une formation élaborée équivalent à un baccalauréat sur l'art de laver la vaisselle; le bac à vaisselle...

"Premièrement, il faut toujours laver la vaisselle, pas juste une fois par semaine. Pas juste quand il n'en reste plus dans les armoires. Tu comprends ? C'est dégueulasse que tu laisses traîner ta vaisselle comme ça sur le comptoir... Et de plus, ta façon de laver n'est pas hygiénique. Laisser couler l'eau chaude pendant que tu prends ta tite lavette avec du savon, ça ne lave pas convenablement. Il faut mettre le tout dans un bac à vaisselle avec de l'eau bien chaude et faire tremper. Comme ça, plus de bactéries. Et tout est propre!"

Alors que son cerveau de gars ne comprenait pas un mot de ce que Germaine lui enseignait, son cerveau de fille en fût terrorisée. "Non!!!! va pas falloir que je lave ma crisse de vaisselle comme ça, à ta façon, toute ma vie! Après ça sera quoi? Une maîtrise sur le lavage du derrière ?"

Ne pouvant en supporter davantage, elle s'enfuit très loin. Voilà pourquoi aujourd'hui, elle vit encore seule, se satisfaisant de cette relation de couple dans sa tête. Une relation à violence contrôlée, à appellation modérée. Et voilà pourquoi, elle est encore si apeurée de voir arriver un autre osti de bac à vaisselle dans sa vie.

Alors aujourd'hui, elle met une annonce sur ce site espérant ainsi passer à une étape plus positive de sa vie :

" Bac à vaisselle à vendre. Peut aussi être échangé contre objet relatant expérience amoureuse merdique . Aucune offre ne sera refusée. "

Alors, à qui la chance ?

vendredi 6 novembre 2009

Article poche pour blogue inutile

Blague poche : 

Une femme nue, se regarde debout devant la glace. Elle dit à son époux :

" Je me trouve horrible à regarder, grasse et ridée... J'ai besoin d'un compliment ".

Le mari répond :
" Tu as une bonne vue ".

(Source : http://www.humourr.com/divers/blague-116.html)


Ce matin, en parcourant les blogues, je suis tombée sur une montée de lait d’un auteur qui s’en prenait aux blogueurs qui n’avaient absolument rien à dire. Par exemple, un blogue où il est possible d'y lire des informations du genre que l’auteur s’est levé le matin à 6h12 et qu’il était un peu déprimé et fatigué. Le déjeuner s’ensuit avec comme intrigue principale que le beurre était ramolli parce que « Oh! Non! », il avait été laissé sur le comptoir toute la nuit. La douche arrive, le téléphone sonne et là tout nu, les yeux pleins de savon, l’auteur répond au téléphone… Nous croyons alors fermement qu’il va se passer quelque chose du type : « Allo, tu dégouttes et moi j’arrive dans deux minutes pour te dégoûter de ta journée. » Ah! Le maniaque du matin s’en vient pour gâcher ta journée et tous tes lendemains… Mais non, on apprend simplement que c’est un faux numéro et qu’il faut retourner dans la douche pour reprendre le travail là où il l’avait laissé…


À ce moment précis, soit on est hypnotisé et incrédule devant autant d’insignifiances, mais on continue notre lecture jusqu’au bout en espérant qu’il finisse par se passer quelque chose. C’est un peu comme jouer à la bourse… on a déjà assez perdu comme ça, mais on continue en priant que ça va finir par payer. Soit on s’arrache à ce blogue complètement déprimé en réalisant que l’on est sur le bord de commencer à penser au suicide parce qu’on s’aperçoit en quelque sorte qu’on est en train de lire le compte-rendu de notre propre vie.

J’ai donc décidé cette semaine de vous offrir un article poche en hommage au courage de cette dénonciation des blogues poches. Je veux ainsi me lever au sommet de la « pochitude ». Dans ce monde virtuel, je désire ardemment, moi aussi, faire l’étendage de ce fumier de paroles inutiles et rendre fertile, cette terre, de mauvaises herbes intellectuelles. « Oups, s’cusez, je deviens quasiment intéressante là. Je me reprends. » Alors, voilà, mon article poche commence ainsi :

Ce matin, le 11 novembre, c’est la journée des morts. C’est prévu qu’il ne se passera rien aujourd’hui. Le mois de novembre est gris et la journée, juste morte. Cette journée du souvenir, c’est un peu comme l’Halloween, mais sans bonbons, sans enfants. Ils sont tous déguisés pareils, des ti-vieux avec des ti-bérets et s’en vont tous prier un soldat sans nom, mort à la guerre, pis que sa famille a jamais su ce qui lui était arrivé, pis qu’on prie pour rendre hommage aux personnes qui se sont battues pour la patrie; cette patrie qui a justement permis qu’on se fasse assassiner collectivement, et ce, en toute légalité. C’est pas poche ça ?

Bon, peut-être pas autant que la famille de 3 zouinzouins qui sont devant moi dans la ligne du métro et qui veulent payer 3 tickets avec une carte de crédit et qui, à défaut de quoi, sortent un « brun » pour payer et qu’ils ont même pas l’air de trouver ça anormal. (Je vous explique, j’ai écrit ce texte dans le métro…)

Donc, pour en revenir à la journée des morts, le 11 novembre, qui n’a finalement aucun rapport avec ma journée vu qu’on est même pas le 11 novembre aujourd’hui, mais on s’en tape franchement, qui a besoin de détails pareils quand il lit un blogue ? En tout cas, cette journée-là, je me suis réveillée à 5 h, comme à l’habitude, et comme à l’habitude, optimiste devant l’Éternel, je suis restée au lit jusqu’à 6 h en espérant que j’allais me rendormir. Mais je me rendors crissement jamais donc, chaque matin, je perds une heure de mon temps. Sauf quand je commence à donner mes cours à 8 h et il faut que je me lève à 5 h, là, j’ai pas le temps de rester une heure de plus au lit.


Lorsque je me lève, je commence ma journée en me grattant allègrement le derrière. Je profite alors de ce moment d’intimité bien personnelle et ma foi, trop rare, pour aller en profondeur puisque le reste de la journée, ça serait un peu gênant et dégueulasse. Je serais difficilement un modèle pour toutes les générations d’étudiants à qui j’enseigne si je m’adonnais à cette activité à longueur de journée. Une fois terminé, ce moment d’extase matinale qui ne dure jamais plus d’une heure à lui seul, je vais déjeuner.


En écrivant ces lignes, je me surprends à me sentir remplie d’un sentiment de joie et de satisfaction rarement ressenti puisque le fait d’écrire sur absolument n’importe quoi me mène à oser aller dans des recoins insoupçonnés de… mon imaginaire. Loin de moi pourtant l’idée de me mettre à vous raconter des histoires de pipi et de caca pendant des lunes. Je vous rassure en vous disant que je ne laisserai pas tomber mes écrits futurs dans des exercices répétés d’autosatisfaction de mes besoins personnels. Mais pour aujourd’hui, ça cadre dans le programme et voilà, c’est ça qui est ça.

Et là, vous vous demandez encore si je me suis lavée les mains avant de me faire à déjeuner ? J’aimerais alors vous dire que je suis peut-être poche, mais, calvaire, je ne suis pas malpropre à ce point. Donc, je disais en vivant ce moment totalement ordinaire d’une fille complètement ordinaire, je disais que je mangeais mon déjeuner tout en surveillant les croquettes de chat laissées sur mon balcon pour le matou itinérant qui rôde dans ma ruelle depuis cet été.

Ce méchant matou, que j’essaie d’apprivoiser, ne vient pas tous les matins. Je le soupçonne d’attendre que je sois partie pour venir profiter de ma bouffe. Je suis aussi en compétition avec mes vieilles voisines qui le nourrissent, elles aussi, mais le laissent dehors. Moi qui suis prête à le prendre chez moi, j’ai affaire à un récalcitrant. Probablement un névrosé avec un trouble de l’attachement. Et puis, il y a la voisine d’à côté qui est venue saboter ma tentative de séduction en lui faisant une chambre à coucher dans un locker désaffecté parce qu’elle ne me trouvait pas assez entreprenante. Elle trouvait que la chaise laissée sur mon balcon avec une couverture ne suffisait pas à le rendre heureux. Il faisait encore trop pitié à son goût. Elle m’a ordonné de le séquestrer du jour au lendemain, et de l’obliger, par la force, à m’aimer. Je me voyais alors transformée en infirmière de chat jouant dans Misery et le martyrisant pour qu’il finisse par m’appartenir. Mais moi, je suis plutôt du type : « Avec du temps et de la patience mon minet, je vais finir par t’avoir »… Du coup, je suis toujours célibataire euh… ça, c’est une autre histoire… mais enfin, conséquence, le matou vient me visiter moins souvent et risque davantage de passer l’hiver dehors. Mais chaque matin, j’ai une décision de taille à prendre. Est-ce que je laisse la bouffe sur le balcon? Si le matou ne vient pas, les oiseaux vont venir saloper mon balcon et là, c’est la vieille d’en bas qui risque de finir par me reprocher mes saloperies. Cette dame n’aime pas les chats et elle n’aime pas non plus la voisine qui aime les chats. Et moi je n’aime pas qu’on me traite de salope. Ayayaye! Le plus souvent, j’achète la paix et je me dis que le chat mangera bien… ce soir.

Je pars pour le travail. En conduisant, ça me pique dans le nez. Pas de Kleenex, les mains sur le volant et la manette d’embrayage, trafic oblige… Alors, avec mon regard de lynx, je fais un tour de reconnaissance à 360 degrés pour m’assurer que personne ne me voit et là, ben je me gratte… Ouaissss !!! Encore une fois, mes extases matinales atteignent un sommet inavoué. Pis oui, chose, je me précipite au prochain Tim Horton, j’accoure dans les toilettes à la vitesse de la lumière pour aller me laver UN DOIGT !!! Si ça peut vous rassurer de penser ça, moi j’en ai rien à cirer. Je suis responsable de ce que j’écris, mais pas de l’imaginaire du lecteur qui a bien du temps à perdre, s’il est encore en train de lire cet article poche.

Bref, je pense que j’ai finalement atteint mon objectif d’article poche. En ce jour du 11 novembre, j’ai rendu hommage aux blogues morts, des auteurs inconnus, et sur lesquels il ne se passe jamais rien.
Maintenant, ôtez vos bérets et commencez à prier en récitant la litanie des choses poches qui vous sont arrivées …

C’est poche quand…

 Tu fais tellement d’insomnie que tu t’entends ronfler;

 Tu te lèves le matin pis que t’as pu de lait, tiens tu te dis que vas manger des toasts, mais finalement t’as  pu de beurre;

 Tu manges au McDo devant un bonhomme qui parle tout seul, mais qui a l’air mieux que toi dans sa peau;

 Tu te fais rejeter par un itinérant toxicomane qui n’a pas de problème de santé mentale;

 Un gars t’invite à ramasser des fraises pour ta première date;

 Tu reçois du savon pis du papier de toilette en cadeau de ton chum qui vient de finir de payer son super condo de luxe 3 étoiles;

C’est poche quand…

À vous de continuer. J’ai fait ma part.




jeudi 29 octobre 2009

L'employé modèle

Tous les jours, c’est la même chose. Le même foutu refrain. La même rengaine débile. À 7h00, je m’arrache de mon lit, le seul endroit, où, inconscient, je me sens bien. 7h15, je me douche, 7h30, je mange. 8h00, je pars de chez moi pour aller à ce sal boulot de merde. Et chaque jour, c’est la même conspiration contre moi, toutes ces autos rassemblées en ce lieu pour m’emmerder. Ils se sont donné le mot c’est sûr. Et ma vie ressemble alors à un mauvais album où chaque page contiendrait la même photo prise à la même heure, à des jours différents. Et tous les jours, j’arrive au boulot, à 9h15, en retard. Mais je m’en fous. J’emmerde ce travail. J’emmerde l’humanité entière d’accepter que la monotonie puisse exister dans mon quotidien. Qu’est-ce que je vous ai fait bande d’enfoirés pour mériter ça ? Et j’emmerde le regard furieux, mais silencieux de ce con de patron, trop con pour faire autre chose que de me regarder de travers. Trop con pour avoir le courage de mettre fin à mes souffrances. Au contraire, je le soupçonne de me garder simplement pour prendre plaisir à m’humilier, à me martyriser jour après jour. Je suis son jouet, son passe-temps dans cet endroit de merde. Je le soupçonne de s’ennuyer autant que moi mais de faire comme si ça lui plaisait. Je le déteste ce gros con, ce vulgaire déchet de l’humanité. Et ma seule satisfaction en ce bas monde est de l’emmerder encore plus qu’il ne m’emmerde.


J’arrive alors au travail, en retard, lentement, sûr de moi. Sans regret, sans excuse. Je dépose mon chandail sur le dossier de ma chaise, juste pour que ce crétin vienne m’avertir que c’est contre le règlement, qu’il y a des endroits prévus à cet effet. Il paraît que ça ne fait pas propre d’avoir un gilet sur une chaise. Mais pas propre pour qui ? On ne voit jamais personne dans cet endroit de merde. Que des ordinateurs, que des têtes de collègues aussi paumés que moi, que des montagnes de chiffres à compiler les uns après les autres dans ces ordinateurs à la con! Pas propre, juste pour ce vieux con qui est le seul à venir me surveiller, m’emmerder, m’humilier dans cet endroit de merde. Le même regard, cherchant la moindre erreur pour pouvoir allègrement me la reprocher. Et elle est enfin là, elle est toujours là, la faute recherchée! Mais que voulez-vous, je la cultive, sournoisement, amoureusement, cette erreur, juste pour avoir le plaisir de le faire enrager et d’entretenir le gaspillage de sa dégoûtante salive.


" L’erreur est humaine " que je lui dis. " Mais vous, vous ne l’êtes pas. "


" Pardon ? Qu’est-ce que vous voulez dire par là Fréchette? " me demande-t-il prêt à exploser tant sa cervelle semble manquer d’espace dans ce crâne trop petit pour sa rage qu’il cultive tel un jardin de légumes qui pousserait à longueur d’année sous un climat tropical.


" Patron, je veux dire que vous ne faites pas beaucoup de fautes et que moi, j’arrive pas à être aussi talentueux que vous. "


" Fermez là et concentrez-vous sur votre travail, vous réussirez mieux si vous arrêter de divaguer " me répond-il, ayant, encore une fois, confondu l’insulte à l’agréable.


Je dois alors me taire, empiler ces montagnes de chiffres tirés de ces amas de dossiers alors qu’il reste là à m’entretenir sur le sens du devoir et des responsabilités.



" Il n’y a pas de sot métier et chaque tâche réalisée dans cette entreprise nous permet de prendre une part importante du marché. "



Et je reste là, à me faire laver le cerveau par ses énormes bêtises sur la compétitivité. D’avoir été trop lavé, mon cerveau est comme un jeans devenu blanc et troué, il est complètement usé. Quand j’entre dans ces lieux absurdes, je suis en deuil de mon cerveau. Et cette évacuation quotidienne de conneries de ce gros con ne l’atteint plus. Je reste juste là, le regard vide à attendre que ce bruit de fond s’arrête.


Et je dois sans faute, chaque matin, soumettre un rapport en trois copies sur son bureau, des événements de la veille. Des événements ! Des ventes, des achats, des profits n’ont rien à voir avec des événements ! Mon patron est un livre ennuyant, avec une seule page, blanche. Le sens du devoir, mon cul ! Le seul devoir intéressant que j’ai réussi à accomplir dans cet endroit de merde c’est lorsque j’ai réussi à baiser Mélissa, la sexy réceptionniste du deuxième étage. Allègrement, alors que je laissais aller et venir ma créativité, et que je lui empoignais le derrière sur la photocopieuse, celui-ci se faisait copier en 50 exemplaires. Et le temps de ces 50 copies, je réussis à atteindre l’orgasme. Ça c’était un exercice accompli capable d'en rendre le responsable heureux ! Quel souvenir ! 50 pages du derrière de Mélissa, ça c’est un livre intéressant ! Je vous jure, c’était tout un événement ! Tellement intéressant que j’en ai déposé une copie en trois exemplaires, le lendemain matin, sur le bureau de ce crétin.
Malgré sa colère qui fût très violente, il rassembla tout le personnel du département pour vomir ses reproches et rechercher vainement le coupable. Cette vermine, aveuglée par la médiocrité, n'a jamais fait le lien avec le fait que ce fut le seul matin de ma vie où j'arrivai au bureau en avance sur mon retard. Le con ! Tout le monde en a bavé pendant une semaine, devant supporter son humeur encore plus mauvaise qu’à l’habitude. Pour mettre fin au supplice, j’entrepris de dénoncer le coupable, Ramsès, son adjoint, le numéro 2, cette insupportable merde qui gagne au moins trois fois par année, le titre d’employé du mois. Comme chez Greenberg. Sa face en gros plan, trois fois l’an, à l’entrée de la bâtisse. Je lui crache dessus, ce mouton paumé désirant devenir, à son tour, chef de cette monotonie.


Prétextant avoir retrouvé le cheveu et la montre de Ramsès, le lendemain du crime, près de la photocopieuse, j'accusai le numéro 2. Mes preuves ne semblent pas avoir été suffisamment convaincantes pour mon patron. Ramsès s’est bien défendu, déclarant qu’on lui avait volé sa montre trois semaines auparavant, et que ce devait être moi le fautif, ayant sa montre en ma possession. Une superbe montre en or qu’il avait dû se payer avec la prime supplémentaire reçue à Noël dernier. Le salaud ! Garder une montre oubliée dans les toilettes n’est pas volé. Est-ce ma faute s’il doit l’enlever pour c… ce crétin de numéro 2 ! C’est tout juste un emprunt au destin et à cette bouse ambulante.

- " Patron, si j’avais volé cette montre, vous pensez vraiment que je serais venu vous voir? Je suis pas si con que ça tout de même! "


Shit ! Il faut croire que je l’étais. Encore assez con pour me mettre dans un bourbier invraisemblable. Mais cet idiot m’a cru ou a fait semblant de me croire. Mon patron m’a remercié d’avoir tenté de dénoncer un coupable, même un faux, et rien ne s’est passé. Ramsès est toujours là, le sourire aux lèvres, toujours adjoint, toujours aussi chiant. Mais Ramsès est le bras droit suprême. Le Rapporteur en chef. Trop utile pour être lynché. Et l’histoire s’est étouffée là. Sans coupables. Sans histoires.


Mais un jour, j’en ai eu assez de ces conneries. Ça faisait dix ans que je supportais ces journées honteusement exécrables. Ces jeux de coulisses menant à plaire à un gros con pour se voir récompensé, probablement par un tirage au sort, de sa grosse photo d'employé débile du mois et d’une prime de merde que finalement, nous n’arrivions jamais à avoir. Ces espoirs de récompenses qui arrivaient si rarement nous tenaient à cet emploi de merde ! Au diable ! Je me ferai serveur, danseur ou baiseur professionnel ! J’aime encore mieux mourir de faim que de continuer à crever petit à petit dans cet endroit funeste. Tant qu’à crever, mieux vaut que ça arrive brutalement, d’un seul coup. Alors, ce matin-là, sans trop réfléchir, je décidai que c’était terminé.


J’arrivai au bureau, à l’heure et demandai à voir ce gros con.


" Patron, j’ai voulu vous voir parce que j’ai une annonce à vous faire ".


" Moi aussi Fréchette, j’ai une annonce à vous faire ! "


" D’accord Patron, mais laissez-moi vous dire… "


"Ne m’interrompez pas Fréchette. Je vous disais donc, qu’avec vos dix ans parmi nous, vous êtes notre plus fidèle employé. Bien sûr vous n’êtes pas parfait et vous devriez faire plus d’efforts pour tenter de vous corriger, mais pour votre persévérance à servir notre entreprise, je vous nomme employé du mois et vous avez droit à une belle augmentation de salaire en prime. L’entreprise a décidé d’encourager les travailleurs à rester le plus longtemps possible et à partir de maintenant, votre salaire sera également annexé annuellement au coût de la vie. Voilà, j’ai terminé. Que vouliez-vous me dire ?"


" Euh, vous venez de me clouer le bec patron. Je ne m’en souviens plus. Je suis très honoré de cette reconnaissance. Je vous remercie. "


" C’est bon, allez travailler maintenant. Je dois avoir sur mon bureau demain matin, le rapport X-207 en trois copies. "


Le salaud. Je refusai de lui donner la satisfaction de me voir partir sans jouir de mes bénéfices. Il avait deviné mes intentions, j’en étais convaincu. S’il croyait m’attacher avec ces avantages de merde, il se trompait. J’allais rester assez longtemps pour profiter de ma gloire et de mon augmentation et ensuite, je partirai. Je le jure ! Un jour, je sacrerai mon camp de cette compagnie de cons !

samedi 24 octobre 2009

Amour, guerre et lahmajouns

(Lahmajouns : Pizza d’une nationalité… appelons-les, les mangoulais. Cette histoire est véridique. Seule certaines nationalités ont été changées afin de conserver l’anonymat des zéros de cette histoire.)

L’amour a cela d’étrange, que sans savoir pourquoi, un beau jour, nous sommes animés par une passion dévorante qui embellit notre quotidien. Il a aussi un côté obscur qui fait qu’un autre beau jour, on se réveille et puis, plus rien. C’est parti. C’est fini. N’en parlons plus. Moi, j’en parle encore, mais c’est la dernière fois, je vous le promets. Parfois, le réveil est brutal et avec le recul, on se demande: " Mais comment ai-je pu l’aimer ? Que pouvais-je bien lui trouver d’intéressant? ". Dans ce cas-ci, la seule réponse qui me vienne à l’esprit semble être la présence d’une tumeur au cerveau ! Une tumeur qui a du miraculeusement se résorber à coups de rayons de négativisme laissé dans son sillon par la guerre vécu dans son enfance.

Il faut dire que la guerre, il connaissait. Son peuple avait été victime de deux génocides et a du s’expatrier se parsemant ainsi dans tous les continents de la terre. De plus, il a passé sa jeunesse à vivre dans les bombes de la guerre du Liban. À dix ans, il livrait à vélo, pour le dépanneur du coin, en tentant de se frayer un chemin parmi les cadavres afin d’arriver à destination, avec sa caisse d’avocats, sains et sauves. Sa famille avait du se déraciner et quitter ce pays magnifique par trop bouleversé. Alors, quand j’arrivais le soir, recherchant la compassion d’un amoureux parce que j’étais déprimée et que je me trouvais trop grosse, je me retrouvais devant la chaleur et l'indifférence d’un mur de briques pris dans une tempête hivernale.

Vraiment très difficile de faire pitié. Ton père t’a battu ? Chanceuse, j’aurais tout donné pour avoir un père. Le mien s’est fait tué dans une embuscade alors qu’il revenait de son travail. Ta sœur t’énerve ? La mienne a sauté sur une mine antipersonnelle… on a du l’amputer de ses deux jambes et elle vit au crochet de ma famille maintenant. Tu ne trouves pas un bon emploi parce que tu n’étais pas bonne à l’école ? Mais au moins, toi tu as eu la chance d’aller à l’école, moi, mon école a été détruite par une bombe… Après quelques-unes de ces répliques, je commençai à comprendre qu’il me serait difficile de gagner la bataille de la compassion. J’étais la chanceuse, celle qui avait tout eu; ma misère d’enfance se transformait soudain en richesse de conte de fées.
Je comprenais alors… enfin, je faisais mon possible pour comprendre… même si j’avais l’impression d’entendre mon grand père se plaindre de la vie pendant la deuxième guerre mondiale, je tentais alors de comprendre l’extrême misère dans laquelle il avait vécu. Mais je ne m’avouai pas vaincu pour autant. Et je décidai de faire la guerre à la guerre pour gagner une place dans l’amour. Mais je le comprendrai beaucoup plus tard, je ne soupçonnais pas encore la force de mon adversaire…

Je l’aimais assez à cette époque pour faire des efforts afin d’essayer de saisir la difficulté qu’avait vécu sa famille d’avoir à tout reconstruire dans ce nouveau pays, le Canada. Ne nous méprenons pas ici, ne commettons pas l’odieux de parler du Québec en tant que terre d’accueil, mais de Laval, au Canada. Le front glorieux du Canada, cette entité plus grande que la vie elle-même, cette entité qui avait sauvé la sienne… Ce Canada était inattaquable.

- " Mais qu’ont-ils cette gang de " pepsi " à réclamer l’indépendance face à la magnifique population nord américaine de buveurs de Coke ? Qu’ils arrêtent donc de se plaindre le ventre plein ! ".

Cette lutte impensable et incompréhensible pour l’indépendance, ne laissait présager rien de bon. C’était la guerre civile assurée. Ayant troqué son vélo de livreur par un taxi de chauffeur, il se voyait déjà conduire les avocats parmi les rangées de cadavres canadiens. Et ces castristes marxistes de gauche de Québécois ne pourraient s’empêcher de jeter les pauvres canadiens dans le fleuve en criant méchamment que la pollution de ce cours d’eau augmenterait en flèche ! On pouvait même déjà entendre leur rire empreint de méchanceté indélébile marquée par un sourire sans dents parce qu’ils ont jamais lavé leur maudite bouche sale !!!!

" Ben là, calme-toi maudit niaiseux " que je lui répondais avec toute la compassion et la tendresse dont j’étais capable en ces moments de détresse et de paranoïa extrêmes.

En prévision de cette guerre, sa maison devenait un bunker remplie de provisions. Sa mère, ah oui, sa mère vivait avec lui, voilà encore un élément qui augmentait son charme et laissait entrevoir vraiment beaucoup de bonheur pour notre avenir de couple. Étant le plus jeune de la famille et ne s’étant jamais marié, il était le poteau de vieillesse de sa mère… ça vous dis-tu quelque chose ? Ma parole, des fois, je me serais crue dans les années 40… En tout cas, sa mère, qui ne parlait pas un mot de français et avait un début d’Alzheimer, faisait des provisions en quantité incroyable. Le sous-sol en était plein. J’y comptais des dizaines de pots d’eau de Javel, autant de boîtes de savon à lessive et savon pour la vaisselle ainsi que des pommes, des noix etc. Pour faire une comparaison, ma mère avait toujours dans sa garde-robe, une jaquette qu’elle gardait propre au cas où elle serait malade et devrait aller à l’hôpital. Pour la mère de mon amoureux, c’était les pommes et les noix. Elle gardait les fraîches aussi longtemps qu’elle le pouvait et mangeait les ratatinées.
Donc, dans ce sous-sol, j’étais persuadée qu’on tiendrait très longtemps en temps de guerre et en plus, qu’on mettrait des années à me retrouver, cachée sous les piles de pommes et de noix. Dans ce sous-sol transformé en garde manger, on y trouvait également des dizaines de pots de nescafé et de " coffee mate ". Il faut dire que dans cette maison, on y buvait de l’excellent café turc… excusez, mangoulais, veuillez noter ici que l’on traitait avec la plus haute importance toute occasion de combattre les Turcs. Bref, ce merveilleux café était suivi d’une bonne tasse de nescafé instantané mélangé avec du " coffee mate ". Et oui, on me servait du MacDonald dans de la vaisselle en or… C’est qu’il fallait pas gaspiller. Fallait tout avaler, même le nescafé. On a déjà tellement manqué de tout. F… ! Je sortais avec un ancien " biafra ", un de ceux dont ma mère me parlait quand je ne voulais pas finir mes légumes. (Et un biafra? D’où ça sort ce mot-là ? Si quelqu’un peut me l’expliquer, j’aimerais bien !)

Une chose que je reconnais à cette famille est que j’ai toujours mangé comme une déesse. Lahmajouns, steak tartare, soupe aux boulettes de bœuf haché et yogourt, aubergines, choux et tomates farcies, soudjouk, basterma ! C’était vraiment fabuleux. Tout le monde dans cette famille était gros, ne nous le cachons pas, et moi, je me disais qu’il me fallait faire mon effort de guerre pour en devenir membre ! De toute façon, manger, était l’activité principale dans cette vie. On reçoit de la visite ! Sors la bouffe ! On visite les voisins ! Sors la bouffe ! On va au cinéma ? Sors la bouffe ! Après un an et dix livres en plus, j’ai tenté de résister. Mais peine perdue parce que le mot " non à la bouffe " n’existe pas dans la langue mangoulaise. Dire non à la bouffe était une attaque personnelle contre l’identité mangoulaise et le peuple tout entier. Cette bataille était perdue d’avance autant devant l’insistance familiale que devant la succulence de ses plats. Et moi, je disais non, non, et ben...ok,,, juste un peu, pour les faire taire, ... mais juste un peu c’était impossible… trop bon pour résister… et je disais nouiiii jusqu’à ce que je roule en boule pour me rendre à mon lit.

Et j’ai dit nouiiii, jusqu’à ce que monsieur mangoulais me reproche de prendre du poids.

- " Tu as vu tes fesses ? Elles commencent à élargir dangereusement je trouve ".

- " Pardon ? Tu t’es pas vu toi ? Tu pèses 250 livres ce qui fait environ 100 de moins que ta mère ! Tellement que l'autre jour, elle s'est assise sur un avocat et elle s'en est même pas aperçue! Osti, quand je veux pas manger, je me fais quasiment gaver de force et tu commences à m’écœurer parce que j’ai le derrière en forme de lahmajouns ?".

- " Calme-toi, c’est pas beau pour une femme de sacrer ! "

- " Mange donc de la m… ! "

- " Les insultes sont l’apanage des pauvres d’esprits ! "

- " Osti, ben remange de la m…! "

En ces instants, je n’y pouvais rien. Autant de médiocrités faisait surgir en moi des bassesses émotives insoupçonnées. Mais l’insulte dans l’intimité ne servait à rien. Il fallait qu’elle soit perpétrée en public. Parce qu’un mangoulais, c’est bien élevé. Lorsque le mangoulais et moi sortions les fins de semaine , il ne pouvait s’empêcher de mettre son habit et sa cravate. Bon, je trouvais ça un peu con mais je pouvais quand même tolérer. Mais il fallait pas non plus que je lui fasse honte en public. Et ça, et ben, c’est ma grande force, moi, faire honte au monde devant le grand monde.

Alors je sortais mes pires insultes.

Devant la visite mangoulaise :

- " Tu as vu le pape ? Il est déjà mort mais on le promène attaché à un morceau de bois pour l’aider à bouger comme une marionnette ! " (insulte au pape, insulte suprême dans la culture mangoulaise).

Au resto :

- " J’ai pas compris. Tu peux parler plus fort ? J’ai de la misère à t’entendre avec toutes les bulles qui pètent constamment dans mon cerveau ! ".

Dans son jardin, devant les voisins :

- " Tes concombres n’ont pas la vivacité de mes tomates ! ".

- " Ta tête est grosse comme une citrouille, pis toé t’as qu’à te tenir sur ton balcon les soirs d’halloween si tu veux avoir de la visite des enfants! ".

Et je réalisais que ma lutte pour prendre ma place dans cette relation était veine. Elle s’était transformée en guerre contre le mangoulais, contre la famille et la communauté mangoulaise et contre moi-même, qui, telle sa mère, était devenue amèrement amère.

Et un beau jour, alors que je cherchais à me dépêtrer du mieux que je le pouvais dans cette lutte pour ma survie, je reçu le coup fatal. Le tir du prisonnier condamné à mort. Le maudit mangoulais partait en voyage avec son crétin de voisin alors qu’il n’avait rien voulu faire pendant mes vacances. C’en était trop ! Mon coeur venait de sauter sur une mine antipersonnelle, brisé en mille morceaux, transformé en moignons pour l'empêcher de saigner plus à fond. À force de lutter, mon corps était devenu un pays en guerre. Anéanti par trop de batailles perdues. Je compris alors qu’il me fallait fuir, loin de mon pays et me reconstruire, pour trouver la paix.

samedi 17 octobre 2009

Le voyage à Paris

Le journal plié sous le bras, il sortit de la voiture. Lunettes noires, béret assorti à ses souliers, maintenant il pouvait enfin faire ce qu’il désirait depuis un certain temps, "jouer au Français". Jérémie, 7 ans, revenait d’un long voyage de deux semaines à Paris avec ses parents. Son père, ayant dû s’y rendre pour affaire, avait décidé d’y emmener toute la famille. Pendant ces deux interminables semaines, Jérémie avait parcouru les rues de la ville avec sa mère alors que son père travaillait. Il en avait vu des choses. Des musées, des églises, des rues, des cafés. Il avait vu des statues avec les bras en l’air, les bras baissés, agenouillées et d’autres avec du sang dessiné sur les mains. Mais c’était un peu ridicule, une statue ne pouvait pas saigner ! Même les châteaux qu’il rêvait de voir depuis longtemps l’avaient déçu. Certains n’avaient pas beaucoup de meubles. De plus, une clôture lui bloquait le plus souvent l’accès aux appartements et il ne pouvait même pas aller jouer dans les différentes pièces du château. Il ne pouvait que regarder des tableaux de vieux messieurs et de vieilles madames qui étaient morts depuis bien longtemps. Il ne voyait absolument pas ce que tout cela avait de formidable. Il lui semblait qu’aucun endroit dans cette ville ne décelait un seul jeu vidéo, un ordinateur ou même une télévision avec une émission intéressante ! Rien. Une fois, ses parents avaient accepté de l’emmener au Macdonald, mais quelle déception, c’était un faux. Il n’y avait même pas de croquettes de poulet !

De plus, il ne comprenait pas pourquoi ces visites étaient si tristes. En entrant dans un nouvel endroit, sa mère, le plus souvent les yeux pleins d’eau, s’exclamait : " Comme c’est beau! "…  
"À quoi bon venir de si loin pour marcher pendant des heures et voir sa mère pleurer!", se demandait Jérémie.

La seule chose qu’il avait trouvé intéressante était les habitants de Paris, les Français. Jérémie les trouvait très drôles avec leur accent. Lorsqu’ils se parlaient, ils se chicanaient très souvent, mais eux, ne s’enfuyaient pas et ne pleuraient pas comme son amie Marie, qui elle, détestait la bagarre. Il faut dire qu’elle était bien petite Marie, elle n’avait que 5 ans. Cependant, chaque fois qu’il voulait jouer au français, Jérémie était perplexe devant l’attitude de sa mère qui ne pouvait s’empêcher de rire en le grondant. Elle lui disait alors : " Attends donc d’être revenu au Québec ! ".
Et maintenant, il y était. Et maintenant, plus personne ne le retiendrait de jouer au Français. Il prit l’accent :

" Alors ça va ? "
" Oui, bof, hein, bof, y faut hein ".

" Non, mais t’as vu la tronche qu’il a ? ".
" Ouais, y’a une tronche de dégonflé! " .

Il sentit soudain une main sur son épaule et se retourna. Son voisin, un géant de 13 ans mesurant au moins 5 pieds, le regarda méchamment dans les yeux et hurla :

" Mais tu te moques de moi ma parole ! Tu crois vraiment que, vous les Québécois, n’avez pas d’accent? Depuis 5 ans que je vis au Québec je n’ai jamais ri de vous moi, alors pourquoi tu te moques ainsi des Français? "

" Je ne me moque pas, je joue au Français, tête de noix ", lui répondit Jérémie.

" Et en plus, tu m’insultes ? Non mais ma parole, on aura tout vu. Viens ici je te colle une baffe… ".

Jérémie ne savait pas ce qu’était une baffe mais il réussit à s’enfuir en soupçonnant que ça n’avait rien de vraiment intéressant. Il courut, courut et courut. Il espérait retrouver rapidement la sécurité de sa maison. Mais il courut tellement loin qu’il se retrouva sur une drôle de rue, une rue pareille aux rues de Paris, avec ses cafés, ses vieilles maisons…

Le premier passant qu’il rencontra lui dit :

"Non, mais, tu te moques des Français avec ton béret et tes lunettes…tu mérites une punition!"
" C’est pas vrai, je me moque pas, je joue au Français ! "

" C’est la même chose, jouer et se moquer! Tu vas voir ce que tu vas voir… " dit l’homme en empoignant Jérémy par le col et en le hissant à deux pieds du sol. Il leva alors sa baguette de pain très haut et voulut donner une fessée à Jérémie.

" Non ! Non! Non! " hurla-t-il…
Jérémie se réveilla soudain. Sa couverture suintait d’humidité. Il avait fait un cauchemar. Le faux et le vrai se mêlait encore à son esprit, mais il était certain d’une chose, en cet instant, il savait qu’il était en sécurité.

Il entendit alors des bruits de pas dans l’escalier qui le firent se retourner.

" Tu te lèves mon grand,? lui lança sa mère. Aujourd’hui, on monte dans la Tour Eiffel !".

" Bordel de merde! ", pensa-t-il en français, son cauchemar continuait.

samedi 10 octobre 2009

Mes vieilles ...

Entendu dans un café :

- " Regarde Joséphine, cette jeune femme impressionnante. Comment peut-elle marcher avec des talons si hauts ? C'est formidable ! Elle doit travailler pour le Cirque du Soleil !"

- "Tu trouves ça drôle, toi! D'après moi, cette jeune femme ne fait ni plus ni moins que s'oublier et oublier ses pauvres pieds juste pour plaire aux hommes. Celle-là, elle va souffrir d'arthrose à 40 ans avec des godasses pareilles. À propos, t'as vu comme elles sont tordues par l'arthrose mes mains? Elles me font tellement souffrir, t'as pas idée. Bientôt, je ne pourrai même plus venir ici, dans ce restaurant avec toi, tellement j'arrive à peine à tenir ma tasse de café."


- "Ben voyons donc, encore à te plaindre. Hier encore t'étais capable de faire un gâteau à trois étages en inscrivant tout au long : Joyeux anniversaire à mon fils chéri que j'aime tendrement et aujourd'hui tes mains sont à l'article de la mort ? Regarde plutôt la vie autour de toi. Les enfants jouent, crient et pleurent. Les jeunes ont des sourires remplis d'espoir grâce au chemin que t'as tracé, pour eux, parce que t'as travaillé dur toutes ces années ... "

- "Vieille folle... Encore à délirer. As-tu pris tes pilules à matin ? Tu le sais comment t'es, tu penses que tu vas mieux, tu arrêtes de les prendre et puis tu te prends pour Jacques Brel qui se met à chanter sur des niaiseries comme des talons hauts..."

- "As-tu fini ton café ? Au lieu de m'assommer avec tes platitudes tu devrais venir marcher avec moi dans le parc. "

- "Non, mais ça va pas ? J'ai marché deux coins de rue pour venir prendre un café avec toi pour entendre parler de talons ! De toute façon, continua-t-elle, t'as vu mes genoux comme ils sont enflés ? Je pourrais pas faire 10 minutes que tu vas devoir appeler l'ambulance !"

- "Tu exagères. Si ça se trouve tes genoux vont désenfler et ta tête aussi. L'exercice, tu sais, c'est excellent pour le moral. Je te parie qu'une fois que tu auras fait le vide, ton cerveau va s'ouvrir à du positif. Et si c'est pas des talons que tu vas admirer, ben ça sera des garçons !"

- " OK viens-t-en, de toute façon, je te connais tu me lâcheras pas ", capitula Joséphine. Elle savait depuis longtemps qu'il était impossible de lutter contre l'indécrottable positivisme de son amie.

- " Ah, pour ça t'as bien raison. Ça fait 50 ans que je te connais pis je t'ai toujours pas lâché ! "

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