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Pour tout vous dire, je suis une travailleuse sociale qui est devenue enseignante. J'aime écrire. Honnêtement, depuis ses tout débuts, je m'oblige par ce blogue, à écrire et ainsi me maintenir dans un processus de création. Je n'ai pas vraiment d'objectifs autres que d'écrire et de me divertir. J'espère aussi que vous saurez trouver un peu de plaisir à me lire.


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samedi 7 mai 2011

L'hygiène du sexe

Cricri se demandait dans quel guêpier elle était allée se fourrer. Même si, pour le bien être de sa collectivité, une enquête sur l'importance que prend l'hygiène dans le sexe pouvait fort probablement réussir à prévenir plusieurs problèmes de couple, de rupture voire même de maladies qu'elle n'était pas en mesure de prononcer, elle se demandait comment elle pouvait entreprendre cette enquête.

Il y avait fort longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée sur une telle scène de crime. En effet, elle avait abandonné cette pratique à force de se voir constamment rejetée par des cinglés, des bornés, des hommes centrés sur leurs propres besoins. Un jour, elle avait décidé, qu'assez c'était assez. Elle avait décidé de vivre heureuse, pour elle seulement, quitte à passer le reste de ses jours à parler à son chat et à ses amis de Séries Plus. Son divan était devenu son plus grand réconfort. Ses livres remplaçaient ses expériences de vie. Elle vivait sa vie par histoires interposées que ce soit à la télé, sur du papier ou par les péripéties racontées par ses amies qui n'avaient pas démissionnés du Plaisir, acceptant cependant les déplaisirs qui trop souvent l'accompagne.

Alors comment allait-elle bien aborder cette nouvelle question concernant l'hygiène du sexe ? Ses souvenirs n'étaient que morceaux d'expériences dont elle avait beaucoup de mal à reconstituer l'histoire dans son ensemble. Une fesse molle par-ci, une main par-là, enlève ton doigt de là, tu sais que j'aime pas ça, mais chérie, laisse-toi faire, tu vas finir par aimer ça et si t'aimes pas ça, veux-tu me le faire toi ? Mais franchement, j'aimerais mieux me faire rouler dessus par un train que mettre un doigt dans ton arrière train... Tout lui revenait par bribes, une érection dans sa tête de conversations éparses, sans queue ni tête. Il lui faudrait certainement une psychanalyse de 10 ans pour tout replacer dans leur contexte.

Ne pouvant donner aucune réponse à son angoisse naissante, elle décida de lâcher prise pendant quelques heures et de se calmer en réalisant l'activité qu'elle aimait le mieux faire c'est à dire, l'épicerie. Faire l'épicerie. Quelle joie pour Cricri. Il faut dire qu'elle était une très belle femme allumette de 35 ans et qu'elle mettait beaucoup d'efforts pour chérir ce corps et lui maintenir son manque de formes. Alors que certaines femmes se privaient littéralement de nourriture pour garder un tel corps, elle avait découvert la discipline et la rigueur. Passer des heures à lire les étiquettes afin de choisir l'ingrédient idéal pour caresser son intérieur. Elle mangeait bio, elle buvait bio, elle vivait bio. Ses choix devenaient équitables pour sa santé, et son corps sans forme, un impact collatéral à son style de vie.

Elle prit donc ses sacs plastiques métro, bourrés de plomb et hyper polluants pour se rendre au marché d'alimentation bio du coin. Elle commença par déambuler dans les fruits et les légumes. Ce jour-là, elle se surprit à acheter des fèves germées. L'alimentation vivante éveillerait peut-être ses idées face à son enquête. Elle acheta du cèleri rave et du bokchoy. Ça faisait chic au bureau de parler de bokchoy  et malgré sa complète ignorance de la cuisson de ces aliments, l'important n'était-il pas d'être dans le coup? D'être acceptée par la masse environnante et pouvoir suivre ses conversations ? Malgré son ignorance, elle trouvait plus facile de tenter de suivre les discussions sur le bokchoy que sur la Lybie. Rien d'autre ne venait à son esprit que sont méchants les américains alors qu'elle adorait la majorité de leurs séries policières. Déclarer que les américains sont méchants équivalait ni plus ni moins qu'à renier ses amis. Elle préférait parler de bokchoy. C'était pour elle un choix politique.

Alors qu'elle réfléchissait ainsi sur le sort de l'humanité, une voix venue d'on ne sait où s'adressa à elle.

- " Bonjour, on se connaît ? " dit cette voix mélodieuse.

- " Non, je ne crois pas" répondit Cricri tout en se retournant vers la liste d'ingrédients de sa canne de pois bios.

Mais la voix ne se découragea pas pour si peu.

- " Vous ne faites pas partie d'un club de sport par hasard ? "

- " Hum, pas maintenant. Il y a quelques années oui mais votre visage ne me dit rien. " (Hum, il trouve que j'ai un beau body ? )

- " Est-ce que vous faites toujours du sport ? Du vélo ? "

- " Je fais du jogging. Ça prend moins de temps que de me faire suer un samedi à faire 100 km de vélo ou de prendre 6 heures pour grimper une montagne. Le jogging c'est efficace, ça ne prend pas trop de temps et ça me garde en forme. "

Cricri avait peine à comprendre pourquoi cette voix s'intéressait à elle. Elle n'avait absolument rien fait pour ce faire. Était-ce sa nouvelle teinture ? Avait-elle affaire à un trafiquant d'organes qui vérifiait jusqu'à quel point elle entretenait ses reins, son coeur, son foie ? Elle était interloquée et ne savait qu'en penser ni que faire. Elle resta là, coite, à attendre la prochaine question qu'elle imaginait davantage du style, pensez-vous que le poulet là-bas a vraiment été élevé au grain et dans des conditions humaines ?

- " Auriez-vous envie qu'on se revoit soit pour faire du jogging, prendre un café ou boire un verre de vin ?"

Elle fût encore plus surprise lorsqu'elle s'entendit dire "OK !" 

- " Voici ma carte d'affaire " fit la voix en la lui tendant. " Je suis à moitié italien et ma mère est québécoise. ( Qu'est-ce que ça vient faire dans la conversation ça ? se demanda-t-elle dans un éclair). Vous allez m'appeler c'est certain ? " lui indiqua-t-il sans pour autant la supplier.

Toute aussi choquée, elle s'entendit répondre " OK ". Tout à coup, sans savoir pourquoi, son cerveau passait à celle d'une enquêteure réfléchie à une adolescente fébrile devant le gars le plus populaire de l'école et incapable de prononcer une parole sensée. Avait-elle rencontré un prince italien ? Se promènerait-elle bientôt en carosse au jardin botanique ? Elle termina son épicerie et s'en fût à la maison. Et c'est à ce moment, seule et à l'abri des regards, qu'elle osa regarder la carte d'affaire du prince italien. Si elle l'avait fait auparavant et qu'il l'avait surprise, elle lui aurait démontré une once d'intérêt et ça, pour les débuts de relations, dieu sait que démontrer un intérêt ou une simple curiosité pour l'autre, dieu sait que c'est contre-indiqué ! Et sur sa carte, elle eut la grande surprise,  l'immense plaisir d'admirer ce qui équivalait à un gagner un gros lot sans avoir même joué. Sur sa carte, il y avait des biscuits ! IL VEND DES BISCUITS ! Désormais, elle savait qu'elle n'avait rien à perdre et était heureuse d'avoir pu babiller "OK".

À suivre.

6 commentaires:

Sébastien Haton a dit…

Formidable ! Cricri va pouvoir écrire en toute objectivité !
s.h.

Travailleuse sociale a dit…

Je reproche souvent à certains auteurs d'être trop prévisibles... voilà que je le suis... (sauf que je m'identifie pas comme auteure ...)faudra que je travaille là-dessus.

À ma décharge, cette enquête part d'un fait vécu... à vous de voir le vrai du faut.

Bon lundi,

TS

Sébastien Haton a dit…

Non, ce n'est pas toi qui es prévisible, c'est moi qui suis pénible à prêcher le flou pour savoir le net...
s.h.

Une femme libre a dit…

Je suis vraiment déçue que Cricri achète de vulgaires sacs de plastique au lieu de se promener avec un cabas. Honte à elle!

Travailleuse sociale a dit…

Elle ne savait pas que les sacs métro (et aussi de plusieurs magasins) vendus à 1.00 $ étaient bourrés de plomb. C'est paru dans un article du Devoir cet hiver. Les prochains achetés seront en tissus.

Une femme libre a dit…

Oui, c'est vrai, les sacs réutilisables de magasin (de style plastifié) sont mauvais aussi. On n'est pas sortis du bois.

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