Bienvenue sur mon blogue de lecture virtuelle !

Pour tout vous dire, je suis une travailleuse sociale qui est devenue enseignante. J'aime écrire. Honnêtement, depuis ses tout débuts, je m'oblige par ce blogue, à écrire et ainsi me maintenir dans un processus de création. Je n'ai pas vraiment d'objectifs autres que d'écrire et de me divertir. J'espère aussi que vous saurez trouver un peu de plaisir à me lire.


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samedi 19 septembre 2009

Joyeux anniversaire !

Une année de moins au pays de son avenir. Une année de plus au pays de ses souvenirs.

Ce matin-là elle s’était levée de fort bonne humeur. Elle fêtait aujourd’hui son 45e anniversaire de naissance. Elle choisit dans sa garde-robe une jolie jupe verte qu’elle s’était confectionnée elle-même. Tel un dessin hideux d’un enfant qu’on aime passionnément, elle appréciait beaucoup plus ses vêtements, et ce, même les plus laids, depuis qu’elle les confectionnait elle-même.

Pour accompagner sa jupe verte, un chandail jaune et gai comme le soleil qui semblait rayonné pour elle. Après avoir déjeuné, elle se regarda dans la glace. Elle commença alors à calculer le nombre de lignes qui étaient apparues sur ce visage depuis un an. Elle se dit qu’elle pourrait presque y jouer aux mots croisés. Elle se ressaisit. Ce n’était pas une journée pour laisser couler les méandres de la déprime ! Elle devait fêter cette journée sans penser qu’elle y gagnait en âge ! Elle rechercha la moitié positive de son être et camoufla l’objet de son tourment avec un soupçon de maquillage.

Elle était très satisfaite de l’image que lui renvoyait son miroir. Après ce type de phrase, l’auteur d’un texte se met souvent à décrire la beauté de son héroïne… son visage ovale ? sa peau blanche qui reflétait la joie de vivre ? ses jambes gracieuses et longues comme cette journée d’automne ?… Étrange, l’inspiration ne lui vint pas. Disons simplement, que le miroir lui retournait l’image d’une femme de 45 ans habillée d’une jupe verte et d’un chandail jaune assorti.

10h00. Pas encore un seul coup de fil de ses amies. C’était normal, il était encore tôt dans la journée. Ses amies avaient des enfants, un mari, un chien, un chat que sais-je, un écureuil ! Elles devraient remplir leurs obligations conjugales et familiales avant de se ruer sur le téléphone pour lui souhaiter leurs meilleurs vœux. Lorsqu’elle faisait le ménage de ses boîtes de souvenirs, elle trouvait plusieurs cartes de souhait de sa mère disant " Bonne fête en retard ! ". Il était alors normal que si tôt le matin, personne ne l’ait encore appelé.

Bien habillée, bien maquillée, elle se demanda alors ce qu’elle pouvait faire de cette journée qu’elle voulait spéciale. C’était une splendide journée ensoleillée et comme à son habitude, elle n’avait rien organisé. Dans ses jeunes années, elle avait bien eu plusieurs activités : des tours de vélos, de la randonnée en montagne, du ski alpin, du ski de fond… Elle s’obligeait ainsi à rencontrer des gens passionnants et passionnés mais un beau jour, elle en avait eu assez de se passionner toute seule en arrière de la file à suer et courir après rien. Elle avait décidé de ne plus rien organiser. Alors, lorsque le temps s’offrait à elle, la seule idée qui lui venait à l’esprit, c’était d’aller magasiner. Elle aimait ça magasiner, mais n’aimait pas ça, aimer ça. Ce passe-temps lui renvoyait trop l’image de ces gens âgés qui tuait ainsi le temps mort…

Cette journée-là, elle se retrouva chez Zellers, un magasin à grande surface où l’on retrouve de tout, à petits prix. Elle cherchait une idée pour se faire un cadeau. Depuis des années, elle célébrait elle-même son propre anniversaire en s’offrant un cadeau. Elle le sait, c’est pathétique d’autant plus que cette année-là, elle n’avait pas encore eu d’idée. Serait-ce parce qu’elle possédait absolument tout ce dont une femme a besoin pour être heureuse ? En fait, qu’est-ce que ça veut dire au juste cette phrase-là ? Elle s’était acheté quatre napperons pour sa table de cuisine. Était-ce censé la propulser au pays du bonheur parce qu’ils étaient très beaux et assortis à sa table en bois ? Cette expression la laissait perplexe depuis fort longtemps et elle n’y avait pas encore trouvé réponse.

Elle se retrouva par hasard dans le rayon de la laine. Un an plus tôt, elle s’était mise à tricoter. Bon, d’accord il est facile de faire un lien avec le tricot et la vieillesse. Lorsqu’on regarde des pelotes de laine, nos souvenirs de grands-mères qui passaient des heures, l’hiver, devant le poêle à bois, à tricoter des mitaines et des foulards, refont facilement surface. Mais de nos jours, ça fait chic de tricoter. Plusieurs jeunes futures mamans s’y sont mises en attendant bébé. Toutefois, la plupart du temps, leur carrière dure le temps de la grossesse, parce qu’une fois bébé arrivé, le rêve de ce dernier dans ses plus beaux vêtements de tricot disparaît pour laisser place à des couches bien pleines et des nuits bien vides.

Plus que le tricot pour creuser une ride de plus à son front, c’était l’incapacité de tricoter qui la faisait sentir encore plus âgée. En tricotant, elle s’était fait mal à l’intérieur du coude et il lui avait fallu un an pour guérir cette malheureuse douleur. Elle quitta donc à regret cette allée de couleurs et de textures en se disant qu’au moins, elle était encore capable de pousser un panier dans une allée ! De plus, il y avait une foule d’autres activités dont elle était capable : la lecture, l’écriture, la couture...

Elle se serait bien cousue un oreiller pour faciliter son sommeil mais était-ce encore une question d’âge ? Celui-ci s’était enfui, il lui semblait, à tout jamais. Elle ne savait pas trop comment, mais d’année en année, ses nuits étaient de plus en plus courtes, jusqu’à en devenir quasi inexistantes. Il lui arrivait régulièrement de se retrouver devant sa classe d’élèves avec 3 heures de sommeil à son actif, et comble de la bêtise, elle devait tout faire pour empêcher les jeunes de dormir alors qu’elle ne pensait qu’à cela.

Bon, chassons les mauvais esprits qui relient cette journée à son âge et célébrons ! Elle s’arrêta devant les cartes à jouer. Elle en acheta ou plutôt elle en racheta. Elle avait égaré celles qu’elle avait acheté l’an dernier pour ses cours et que les élèves aimaient. Vous savez avec des grosses faces de chiens et de chats ? Bon, elle les avait cherchés dans tous les coins et recoins de son appartement, mais peine perdue, elle les avait perdues. Il ne lui restait plus qu’à en racheter de nouvelles… et elle se souviendrait alors probablement où elle avait mis les autres… quel classique !

Elle fit le tour du magasin et rentra à la maison avec en main deux paquets de cartes à jouer. Hum… wow !… quelle journée de bonheur ! Elle s’amusait follement. Mais, la journée n’était pas encore terminée, il était à peine une heure de l’après-midi. Elle couru vers le téléphone et avec joie, elle constata qu’elle avait reçu un appel qu’elle écouta avec impatience :

" Bonjour, ici Bell Canada. Nous aimerions vous entretenir afin de discuter avec vous de nos multiples services qui vous feraient économiser de l’argent… bla-bla-bla. " Bip!

Elle effaça ce seul et unique message et fît cuire son poulet qu’elle mangea lentement… puisque ses dents ne coupaient plus beaucoup. Et oui, ses dents étaient usées. Voilà pourquoi elle aimait tant le macaroni. Elle préférait manger mou. Elle ne voulait pas être négative en cette journée mais lorsque vous avez mal au coude, vous ne pouvez plus manger de la viande, vous devez dormir assis parce que vous faites de l’asthme dès que vous êtes en position horizontale, que vous ne dormez presque plus, que vous ne pouvez plus gérer le stress comme il y a 20 ans et que vos amies semblent avoir oublié votre fête, est-il encore possible d’être heureuse ?

Et elle se répondit : " Mais très certainement! ". Tiens, elle se rendit compte qu’elle pouvait ajouter à sa liste le fait qu’elle se parlait toute seule, autant à voix haute que par écrit. Auparavant, elle s’en sortait en disant qu’elle parlait à son chat, ce qui était vrai. Cependant, l’habitude ne l’avait pas quitté avec le départ de ce dernier.

Ainsi, plus la journée avançait en temps, plus elle gagnait en vieillesse et plus elle perdait en bonne humeur. Elle perdait le contrôle sur sa journée et ses humeurs. Elle aurait voulu revenir en arrière, recommencer, devenir un être rempli de douceur, de joie de vivre et de générosité en cette magnifique journée mais elle ne connaissait vraisemblablement pas cette recette.

20H00. Tout le monde l’avait oublié. Même les émissions de télé s’étaient mises de la partie pour l’ennuyer. Mais le pire, en laissant filer le temps ainsi, elle s’aperçut qu’elle s’était oubliée elle-même.

Elle décida alors de faire appel à la créativité de ses lecteurs pour savoir comment pouvait-elle terminer cette journée en beauté.
Et vous, qu’avez-vous fait lors de votre dernier anniversaire? Alors, écrivez-moi, donnez-moi des idées et je terminerai mon texte… et ma journée. Je vous laisse le temps de me répondre… jusqu’à mon prochain anniversaire …

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère travailleuse sociale,

Ne rien organiser, c’est parfois le moyen le plus sûr de ne pas être déçu de sa journée d’anniversaire… Mais à vrai dire, nous devrions prendre le risque d’organiser quelque chose de spécial. Lorsqu’on prend un risque, on a tout à gagner, non? Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé ce texte. Je sentais vraiment d’une ligne à l’autre le rythme lent d’une journée d’anniversaire où le plaisir de se faire plaisir est au rendez-vous, mais confronté à la triste réalité d’être oublié...

Anonyme a dit…

La citation du début est superbe! Je vais la garder pour la partager. Quoi faire pour son anniversaire quand on est célibataire? S'offrir un massage (érotique ou non) ou l'on pourra recevoir un contact humain!

Travailleuse sociale a dit…

Merci Anonyme de me faire partager cet enthousiasme qui réveille si bien en ce dimanche matin. Pour mon anniversaire, je me suis offerte un souper entre amies... ce fût sympathique et délirant. Ma semaine ne s'en est que mieux portée.

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