Bienvenue sur mon blogue de lecture virtuelle !

Pour tout vous dire, je suis une travailleuse sociale qui est devenue enseignante. J'aime écrire. Honnêtement, depuis ses tout débuts, je m'oblige par ce blogue, à écrire et ainsi me maintenir dans un processus de création. Je n'ai pas vraiment d'objectifs autres que d'écrire et de me divertir. J'espère aussi que vous saurez trouver un peu de plaisir à me lire.


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samedi 20 février 2010

La vie de village ...

... ou

L’endroit où vivent les gens dans des maisons bâties le long de la route de l’ennui

Bienvenue dans mon village. Mon village est un endroit magnifique avec ses champs, ses montagnes, ses lacs et sa rivière. Mon village est un endroit calme et accueillant où les gens sont heureux. En fait, si on est malheureux dans un lieu aussi paradisiaque, il est de bon ton de le cacher, parce que dans mon village, l’étiquette reste collée à vie. Ainsi, si vous avez le malheur d’être étiqueté malheureux, que ce soit vrai ou non, il n’y aura pas de date de péremption. Vous serez vu comme la malchanceuse famille de malheureux qui vit sur le territoire de mon village depuis plusieurs générations.

Dans mon village, il ne faut pas non plus se faire prendre les culottes baissées, et ce, même le samedi soir. Ça ne pardonne pas. Vous serez ainsi qualifiée allégrement de guidoune du village, qui soi dit en passant, a remplacé l’idiot du village. Que voulez-vous, il semble que le lobby des mouvements de défense des droits des idiots de village ait fini par prendre davantage d’espace sur la place publique que celui des guidounes de village. En fait, les guidounes n’en pouvant plus de cet étiquetage méchant et gratuit finissent souvent par déguerpir à Montréal pour se faire oublier dans ce fabuleux anonymat. Et là, elles fondent une famille, font des enfants et ne retournent plus jamais dans leurs souvenirs d’enfance bucolique assortis de parents alcooliques. (" Ben non, je parle pas de moé. Calmez-vous, vous pouvez continuer à me respecter." )

Donc, pour être heureux dans mon village, mieux vaut être né dans la famille riche vivant au centre-village et possédant une station-service, un salon de coiffure, des cheveux blonds et des yeux bleus. Ainsi, ayant été tiré à la seule loterie où vous pouvez gagner sans jamais avoir joué, vous pourrez vous conduire comme une guidoune notoire mais sans jamais que personne ne le souligne. Eh oui, une guidoune dans une famille respectable n’est pas une vraie guidoune.

Trêve d’amertume s.v.p. et retournons donc gambader dans les prés de mon village situé au fin fond d’une magnifique vallée qui, elle, se cache derrière une chaîne de montagnes d’où il n’y a aucune route permettant de s’en sortir rapidement. Personne vraiment n'a jamais eu à m'expliquer ce que ça voulait dire "Vivre dans un trou." J'avais qu'à m'ouvrir les yeux et je comprenais automatiquement.

Mon village, disais-je, est un endroit accueillant et calme. Calme en effet puisqu’il ne s’y passe jamais rien. Il faut constater avec émoi l’émoi causé dans toute la population lorsque l’ambulance déambule à toute vitesse dans nos rues pour aller chercher quelqu’un, qui est toujours un peu mort à son arrivée, étant donné la distance à parcourir de l’hôpital à la résidence du malade et de là, jusqu’à l’hôpital. Un silence de terreur accompagne toujours les sirènes de la mort.

Accueillant, puisqu’il faut bien se réjouir des 3 touristes qui viennent s’y perdre chaque été. Cependant, je n’ai jamais compris pourquoi, malgré le fait qu’ils sont subjugués face à la splendeur du spectacle de la nature de mon coin de pays, ils prennent toujours leurs jambes à leur cou lorsqu’on leur offre de s’y établir. C’est tout simplement tellement calme que la seule chose qu’il fait bon y faire est de s’y reposer. Je leur en ai toujours un peu voulu de ne pas rester sur place pour me divertir. Mais d’un autre côté, je les comprenais, puisque dans mon village, on demeure un étranger jusqu'à la cinquième génération, ce qui revient à dire, jusqu'à ce que plus personne ne se souvienne qu’un jour, nous y avons emménagé.

Dans mon village, c’est tellement calme que je suis restée longtemps persuadée que le gouvernement a rendu l’école obligatoire pour éviter d’y mourir d’ennui. Il faut bien occuper ses populations si on veut éviter la révolte. Alors, nous allions à l’école pour occuper notre temps entre les périodes de vacances où il ne se passait rien.

Pendant quelques années, j’ai vécu à l’extérieur du village, sur une ferme. Vous imaginez ! Vivre à l’extérieur d’un endroit où il n’y a rien à faire ? Ça revient à dire qu’il n’y avait encore moins que rien que zéro pour se divertir. Le seul souvenir de quelque chose qui m’est arrivé un jour, est qu’un soir j’avais pas mal bu et un chat de l’étable qui sentait le fumier, comme tous les chats de l’étable ainsi que les vaches, le fermier et la maison du fermier lorsqu'il rentre de l’étable, donc ce chat est venu me draguer. Et moi, dans cet état second de vapeur éthylique d’alcool, je l’ai accueilli malgré son apparence de vagabond crotté n’ayant jamais été aimé et qui ne le sera vraisemblablement jamais par personne. Il faut le dire, à part puer, le but de ce chat dans la vie est de manger les souris dans la grange. C’est tout. Niet. N’attendez pas un roman de conte de fées lorsqu’on parle d’un chat d’étable.

Alors ce chat, que j’ai allégrement flatté à cause de mon état second est par la suite venu me voir chaque fois que je sortais de la maison comme pour me rappeler la honte de mon manque de contrôle de prise d’alcool et du fait que dans cet état-là je suis presque prête à coucher avec n’importe qui. Voilà donc un aspect positif au fait qu’il ne se passe rien, je n’ai fait que flatter un chat dégueu alors qu’en ville, j’aurais peut-être commis un geste beaucoup plus obscène. Voilà mon plus grand souvenir d’adolescence révélé au grand jour. Commencez-vous par me croire quand je vous dis que la vie y était tranquille à mourir ?

Mais avant d’emménager au fin fond de ce rang, j’avais tout de même eu la chance de vivre au cœur de la vie trépidante de mon village. Ainsi, avec mes deux amies, nous allions prendre des marches. Nous procédions de la façon qui suit. J’allais rejoindre mon amie Lèvres Pulpeuses qui était la plus belle de nous trois. Le fait d’aller chez elle m’occasionnait des pas supplémentaires mais ainsi, je m’assurais de faire partie du cortège de cette belle jument. À partir de chez Lèvres Pulpeuses, nous partions rejoindre l’autre amie, Dents Croches, qui avait les dents croches du fait qu’elle provenait d’une grosse famille et que quand on est une grosse famille on a pas les moyens de se faire arranger les dents. Mais Dents Croches avait cependant les mêmes attributs poitrinaires que Lèvres Pulpeuses. Une fois retrouvée, nous marchions jusqu’au bout du village c'est-à-dire, là où le trottoir se termine. Et hop ! On vire de bord, jusqu'à la fin de l’autre trottoir, ce qui nous occasionnait une marche d’environ 30 minutes. Et pendant cette marche, les garçons du village reluquaient et agaçaient effrontément les seins de Lèvres Pulpeuses et de Dents Croches. Moi, je restais là, à manger mes suçons et je n’ai jamais été embêtée par qui que ce soit. Il y a bien eu cette fois au secondaire où un gars que je trouvais bien beau m’a effleurée le côté droit du sein droit mais « Crisse » me suis-je dit , « issé trompé ». Mais bon, j’ai soigneusement mis de côté la thèse de l’erreur parce que j’avais finalement quelque chose à raconter au sein de mon cercle d’amies à gros seins.

En ce qui concerne ma poitrine, il me faudra attendre l’âge de 35 ans avant de voir apparaître ces atouts féminins et surtout à ce moment, de constater que le ventre ne dépasse plus mes monticules. Peut-être cela coïncide-t-il avec le pic sexuel de la trentaine? En effet, le mien a eu lieu le 24 juin a 11h30 avec le beau Pierre, alias Mains de Velours dans un Champ de fraises ou si vous préférez (MDVDUCDF). J’ai alors compris vraiment pourquoi l’on parlait de pic sexuel. Je vous jure, ce fut les plus belles 30 secondes de mon existence. Ce souvenir heureux reste depuis, gravé fidèlement dans ma mémoire. Et que m’est-il arrivé depuis ce temps me demanderez-vous ? Et bien, j’en suis tout de même à la 10ième saison de Law and Order ainsi qu’à la 9ième de CSI Les Experts.

Bon, que voulez-vous, la vie calme, heureuse et paisible de mon village ne semble pas m’avoir disposé à la trépidante Montréalaise. Comme on dit, vous pouvez sortir la fille du village mais difficilement le village de la fille qui arrive en ville !

Cependant, même arrivée en ville, je continuais par l’entremise des téléphones mensuels de ma mère à recevoir les dernières passionnantes nouvelles sur mon village :

- Tu connais M. Bernatchez ?

- Ouin (Traduction :ah, tabarnak, elle commence pas encore. Je m’en câlisse de M. le taré voisin de la voisine mongole qui est mort devant la crisse de tv. )

- Ben oui, le père de Carlos Bernatchez qui vit l’autre bord de la rivière.

- Hum (Traduction : Oui, oui, la gang de pauvres paumés là qui vivent dans les maisons des deux premiers trois petits cochons?)...            y’é tu mort en regardant la tv ?

- Tu le savais ?

- Non non, une intuition c’est toute.

- Une quoi ?

- Ah rien, laisse faire. Je me comprends.

J’étais toujours un peu contente de recevoir des nouvelles de ma mère mais de là à en recevoir de tout le village … Ça me replongeait constamment dans les souvenirs d’ennui de mon enfance et ça, j’étais à peine capable de le supporter. En déménageant à Montréal, j’avais changé de vie. J’avais des amies qui fumaient du pot, j’avais un ordinateur, le câble de la tv, un chat qui sentait bon et puis j’avais accès aux salles de cinéma. J’étais devenue quelqu’un ! J’essayais d’oublier cette enfance me prédisposant à vivre une vie de rivière tranquille !

En tout cas, je sais, je suis un peu injuste. Il s’en est parfois passé des choses. Il y a bien eu le verglas de 1992 dont on a parlé… jusqu’au verglas de 1998 ! C’est ainsi, les désastres écologiques prennent alors le pas dans les discussions sur la météo quotidienne et le chien du voisin qui s’est, enfin, fait écrasé. On a aussi beaucoup parlé du tremblement de terre de 1989. Aujourd’hui, si le sujet s’est éteint ce n’est pas tant parce qu’il n’y avait plus rien à dire que parce que les gens qui l’ont vécu sont morts ou sont partis vivre en ville !

Bon ben, c’est ça qui est ça. Je termine cette histoire de la même façon que la vie de village. Sans histoires et sans fin.

TS

2 commentaires:

Pierre H.Charron a dit…

Tu as un don pour raconter es histoires. Sarcasmes et humour te vont comme un gant.
"le gouvernement a rendu l’école obligatoire pour éviter d’y mourir d’ennui" J'ai adoré cette réplique.

Bref, moi de temps en temps,j'aimerais me retrouver dans ton village loin de tout le carpharnaum dans lequel je suis immergé jour après jour. Mais sans croiser l'père Bernatchez bien sûr ;)

Allez, Bon week-end !!

Travailleuse sociale a dit…

loin de montréal surtout... 500 km

Vouloir se retrouver tout seul dans un village loin de tout... moi aussi j'y pense... mais des fois je pense aussi que ça s'appelle la vieillesse ça ! :o)

Bonne semaine.

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