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Pour tout vous dire, je suis une travailleuse sociale qui est devenue enseignante. J'aime écrire. Honnêtement, depuis ses tout débuts, je m'oblige par ce blogue, à écrire et ainsi me maintenir dans un processus de création. Je n'ai pas vraiment d'objectifs autres que d'écrire et de me divertir. J'espère aussi que vous saurez trouver un peu de plaisir à me lire.


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samedi 10 juillet 2010

Mes vacances où donc ? oui, à la campagne...

Nous, commerçants, nous commerçons

Je débutai ma journée en me rendant dans un commerce pour animaux, enfin, ce qui me semblait être un commerce pour animaux puisqu’une pancarte s’affichait comme telle. Le premier choc en campagne, c’est que mis à part la fameuse pancarte, on a toujours l’impression d’entrer dans une maison privée. Suis-je à la bonne place ? Est-ce la bonne porte ? Je pris donc mon courage à deux mains, tournai la poignée et me retrouvai dans un endroit vide. Comme il n’y avait personne, j’en conclus que c’était vraisemblablement un commerce. En effet, si une vieille mémé s’était bercée près de la fenêtre, ma conclusion aurait été toute autre, mais là, c’était d’une évidence même. J’attendis qu’une personne daigne se pointer pour me servir. Et j’attendis, et j’attendis, ce qui prouvait bien que c’était un commerce, n’est-ce pas ? Après deux interminables minutes de cette attente, une femme surgit et me demanda gaiement « Est-ce qu’on peut vous aider ? ». Heureuse que j’étais d’avoir enfin quelqu’un qui s’intéresse à mon besoin, je répondis sans aucun délai « Oui, merci, je veux des balles molles pour mon chat. Sont en sorte de mousse. Je joue avec lui le matin et il ne prend que ces balles. » « On en a pas. » me répondit-elle, elle aussi, sans y mettre aucun délai.

Quelle surprise, me dis-je, sur un ton cyniquement intérieur. Car il faut dire que j’avais déjà quelques découvertes à mon actif en ce qui concerne les magasins de la campagne. La première question qu’il faut se poser c’est : Ça vas-tu être ouvert ? et lorsque par un heureux hasard, ça l’est, il faut alors se demander : Ils vont-tu en avoir ?

Et je repartis sans rien acheter pour me diriger, encore une fois, vers le bureau d’information touristique. Cette fois-ci, les lettres F-E-R-M-É étaient toujours inscrites sur la porte, mais on avait ajouté un autre message : « Pour les informations touristiques, rendez-vous à la SAAQ, à la porte d’à côté. » Je faisais face à la meilleure information que j’avais pu recevoir à date de ce bureau. Je me dirigeai donc vers la porte de la SAAQ, qui elle était située près de la bibliothèque et du bureau d’un conseiller financier. Tous ces commerces et services se juxtaposaient gaiement et n’étaient séparés que par de minces cloisons.

Une femme, assise devant son ordinateur, semblait très concentrée à trouver un problème, qui me semblait, de taille. Je me plaçai dans la file d’attente et me dis que ça ne devrait pas être très long, puisque j’étais toute seule.

- Oh, mauvais piton, s’exclama-t-elle, continuant de se concentrer sur ce qu’elle faisait.
- Oh, encore mauvais piton, continuait-elle en pianotant sur son clavier.
- Voyons, pas encore le bon, non, non, oui ! ça y est ! Enter, il fallait peser sur Enter !

Alors que les minutes qui passaient commençaient à effriter sérieusement ma patience et le simple fait de me retrouver seule, en ligne, m’empêchait de fuir sans me faire remarquer, mon tour vint finalement.

- Au suivant ! Bonjour madame, vous êtes notre deuxième cliente aujourd’hui. 

Ah oui, tiens donc, j’imagine que votre premier s’appelait Enter ! pensais-je laconiquement.

- Madame, je voudrais avoir des informations touristiques du bureau d’à côté. Il est fermé mais il est écrit de venir ici, à la SAAQ. Pouvez-vous m’aider ?

- Oui, revenez dans une heure, ils ouvrent dans une heure.

- Et pourquoi on inscrit de venir ici alors ?

- Pour que vous reveniez dans une heure.

Je revins une heure plus tard. En passant devant la porte de la SAAQ, je vis les mêmes inscriptions : F-E-R-M-É, allez frapper au bureau d’information touristique pour des informations. Lorsque je commis l’exploit d’entrer dans le fameux bureau, quelle ne fut pas ma surprise de revoir la même madame derrière le kiosque.

- Vous travaillez ici aussi ?

- Ben oui, c’est moi qui travaille dans tous les bureaux ici, à la SAAQ, à la bibliothèque, chez les conseillers financiers. Chaque bureau ouvre pendant une heure, successivement, c’est très simple, il faut simplement que vous reteniez les heures d’ouverture du service que vous avez besoin. En quoi puis-je vous aider ?

- En effet, si vous le pouvez, j’aimerais avoir des itinéraires de randonnées pédestres dans le coin.

- Ah boy, vous me prenez de court vous-là, attendez, je vais voir sur internet si je peux trouver quelque chose.

Et elle s’en retourna vers l’ordinateur avec ce qui me semblait être une hanche intermittente tellement il s’écoulait de temps entre chacun de ses pas.

- Ayoye, ils vous ont pas manqué les chirurgiens qui vous ont posé cette hanche ?  dis-je, avec compassion, histoire de faire agréablement la conversation.

- Je me suis pas fait opérer,me répondit-elle de ses yeux outrés.

- Je vous demande absolument pardon, quelle bévue, excusez-moi. Mais c’est que vous avez du en vouloir à votre mère de vous avoir mis au monde, comme ça, avec ce handicap ? Pauvre vous. 

C’est dans ce type de situation qu’on devrait pouvoir dire « La madame était pas contente. » Elle ne répondit pas. Probablement pour contenir sa colère. Ouvrir la moindre brèche devait représenter un certain danger de trop laisser couler sa rage, trop vivement.

Elle revint.

- Écouter, je sais pas ce que vous cherchez, mais moi, personnellement, la plus belle randonnée que j’ai fait, c’était sur le Mont-Royal. C’est donc beau le Mont-Royal ! Cette beauté sauvage au milieu d’une telle frénésie citadine, c’est sans nom, je vous jure. J’ai jamais rien vu de beau comme ça par ici.

- Vous voulez rire de moi ? Je veux pas aller à Montréal, je veux visiter la région. !

- Bon, bien si madame fait la difficile pour probablement voir des ti-oiseaux et des bêtes, voici un autre endroit. Vous faites 50 milles en auto au Nord, prenez votre vélo pour un autre 20 milles sur la même rue, vous allez voir les autos passent pas, ensuite, vous arrivez près d’un chemin de terre, allez-y à pied, vous marchez environ 3 milles jusqu'à une maison jaune, vous tournez à droite, vous allez voir une pancarte : Attention, Chien méchant. C’est le début du sentier. Vous pouvez alors marcher pendant au moins 1 bon demi-mille. »

- Et un mille, ça fait combien en kilomètres ?

- C’est un bureau d’information touristique, madame, pas une école. De toute façon, vous allez devoir m’excuser, on ferme. Faut que j’aille ouvrir la bibliothèque. Bon séjour parmi nous !

Ouin. Ca va être le fun c’t’été ! pensais-je. J’aurais pu aller chercher des informations complémentaires à la bibliothèque, mais un je ne sais quoi me retint.

Et c’est comme ça en campagne. Alors qu’en ville, notre cynisme n’a à peu près jamais d’impact fâcheux sur notre vie, en campagne, il s’agit d’une seule personne, vous vous mettez à dos une seule personne et vous venez d’affecter la qualité d’au moins quatre services qui auraient pu vous être utiles. Quelle poisse ! Et pourquoi donc tous ces gens sourient-ils encore et encore ? C’est certainement qu’une fois qu’ils ont réussi à trouver un magasin ouvert et que le produit ou service voulu existe bel et bien, ils doivent certainement sourire pour être certain qu’une fois traverser tous ces obstacles, et bien, ils vont l’avoir la patente qui leur manquait !

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